La dernière analyse du cadre de classification de la sécurité alimentaire (IPC) effectuée au troisième trimestre de 2020 a estimé qu’environ 1,3 millions de personnes sont en situation de crise et d’urgence (phase 3 et 4 de l’IPC).
Depuis cette analyse la situation de la sécurité alimentaire a été impacté par les phénomènes des catastrophes naturelles sur les principales cultures et certaines estimations portent à croire que le nombre de personnes en situation d’insécurité
alimentaire pourrait sensiblement augmenter à partir du mois de janvier 2021.
Cela est étayé par le retard dans le semis qui a débuté fin novembre dans plusieurs régions, le prolongement de la saison culturale de 2020B (octobre à décembre 2020) occasionnant un chevauchement des saisons culturales. Des informations relayées sur les réseaux sociaux indiquent que dans la région de la crête congo nil, au début du mois de décembre, certains champs de cultures se trouvant dans la vallée de la rivière Murembwe de la province de Rumonge ont été inondés par les crues de cette rivière ayant débordé de son lit après 3 jours successifs d’intenses pluies. Dans les dépressions au Nord et à l’Est du pays, avec une
pluviométrie déjà faible, l’irrégularité et la diminution des précipitations ont déjà causé un déficit hydrique, tarissement des sources d’eau peu profondes et une diminution des productions agricoles. Notamment dans certaines communes de la province de Kirundo, les principales cultures comme le haricot et le maïs se sont fanées suite au déficit hydrique surtout dans la zone de Gisenyi en commune de Busoni.
Le régime pluviométrique est un des facteurs déterminants de la production agricole au Burundi. Comme dans d’autres pays, le Burundi est impacté par les effets du changement
climatiques. A certains moments, la sécheresse peut survenir en période normalement pluvieuse, tandis qu’à d’autres moments des pluies diluviennes tombent en saison normalement sèche.
La saison 2020B (sept 2019 à sept 2020) a été affectée de façon variable en fonction des régions par plusieurs facteurs dont le principal est les conditions climatiques, mais aussi la
disponibilité en intrants agricoles, la disponibilité des terres, en particulier dans les zones d’accueil des rapatriés, la prévalence des maladies ravageurs des cultures. Tout au long de la saison 2020B, il a été généralement observé des conditions pluviométriques différemment reparties sur l’étendue du territoire national, soit déficitaires dans certaines régions, soit excédentaires dans d’autres. Cela vient confirmer les prévisions météorologiques de septembre à décembre 2020 de l’Institut géographique du Burundi (IGEBU).
Au même moment, il s’observe une hausse des prix de la plupart des denrées de base liée à la baisse de leur disponibilité sur le marché. L’enquête mVAM sur l’analyse et cartographie de la vulnérabilité fondée sur la téléphonie mobile du Programme alimentaire mondiale (PAM) d’octobre 2020 montre que la proportion des marchés de plus de 5 tonnes de disponibilités continue à baisser. Elle est passée de 37% en septembre 2020 à 28% en octobre pour les légumineuses. A la même période en 2019, cette proportion était de 33%. Pour le riz, cette proportion est passée de 37% en septembre 2020 à 30% en octobre. A la même période en 2019, cette proportion était de 28%. Pour le maïs, cette proportion est passée de 22% en septembre 2020 à 12% en octobre. A la même période en 2019, cette proportion était de 19%. Conséquemment, les prix du haricot et du maïs observés au mois
d’octobre 2020 connaissent une augmentation mensuelle de 10% par rapport à ceux
de septembre 2020. Tous ces facteurs risquent d’influencer une mauvaise performance de la saison culturale de 2021A (sept 2020 à sept 2021).
Résultats préliminaires de l’enquête SMART
La validation des données de l’enquête nutritionnelle (SMART) conduite en août – septembre 2020 par le Ministère de la Santé est en cours. Les résultats préliminaires montrent une dégradation de la situation nutritionnelle au Burundi, avec une prévalence de la malnutrition aiguë globale (MAG) de 6,1% en 2020 contre 4,5% en 2018 et 5,1% en 2019. Un total de 31 districts sanitaires sur 47 affichent des taux de MAG compris entre 5%-9,9% et classées en situation nutritionnelle médiane selon les nouveaux seuils de 2018 de l’OMS.
Le district de Ruyigi enregistre une prévalence de MAG de 10,9%, la plus élevée du pays tandis que la plus faible prévalence est observée dans le district sanitaire de Gitega avec 2,2%. Au niveau national, le taux de la malnutrition chronique exprime une situation de crise nutritionnelle même s’il a baissé passant de 54% en 2019 à 52,2% (51,4 - 53) en 2020.
Cette situation de la malnutrition aigüe est due à une multitude de facteurs sous-jacents, notamment l’incidence des maladies infantiles, les soins et pratiques inappropriées d’alimentation du nourrisson et du jeune enfant, les conditions d’hygiène et d’assainissement inadéquates, une faible diversification alimentaire, et une insécurité alimentaire chronique. L’ensemble de ces facteurs sont exacerbés par l’impact socio-économique de la COVID-19 qui a provoqué un choc chez les enfants vivant déjà dans une situation très fragile.