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Rapport de situation

Faits saillants

  • En 2024, la communauté humanitaire en RCA planifie d’assister 1.9 millions de personnes les plus vulnérables. 367.7 millions de dollars américains sont requis.
  • Les acteurs humanitaires ont fourni une assistance vitale à 2 millions de personnes en 2023.
  • Situation humanitaire de plus en plus inquiétante dans le Haut-Mbomou
  • Face à l'insécurité dans leurs villages, des tchadiens cherchent refuge dans le nord-ouest de la Centrafrique
  • Avec 41% de la population ne mangeant pas à sa faim, la RCA compte l’une des plus grandes proportions de personnes en situation d'insécurité alimentaire critique dans le monde.
Le président du Comité des personnes déplacées internes de Bocaranga s’exprimant sur l’assistance reçue de la part des humanitaires et les perspectives pour sa communauté lors d’une mission de suivi des activités financées par le Fonds Humanitaire. ©OCHA/V. Edgar Ngarbaroum, Préfecture de l’Ouham-Pendé, République centrafricaine
Le président du Comité des personnes déplacées internes de Bocaranga s’exprimant sur l’assistance reçue de la part des humanitaires et les perspectives pour sa communauté lors d’une mission de suivi des activités financées par le Fonds Humanitaire. ©OCHA/V. Edgar Ngarbaroum, Préfecture de l’Ouham-Pendé, République centrafricaine

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Chiffres clés

6.1M
Population
2.8M
Personnes dans le besoin
1.9M
Pers. ciblées par l'assistance 2024
2M
Personnes assistées en 2023
2.5M
Pers. en insécurité alimentaire
522K
Personnes déplacées (31/01/2023)
754K
Réfugiés centrafricains

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Financement

$367.7M
Requis
$49.3M
Reçu
13%
Progrès
FTS

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Contacts

Safari DJUMAPILI

Chef de Bureau a.i

Maxime NAMA CIRHIBUKA

Chef de Section Information Publique

Harold NISHIMAGIZWE

Reporting Officer

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Réponse d'urgence
Deux cultivatrices reviennent du champ avec leurs récoltes pour les vendre au marché d’Alindao, Préfecture de la Basse-Kotto, République Centrafricaine.
Deux cultivatrices reviennent du champ avec leurs récoltes pour les vendre au marché d’Alindao, Préfecture de la Basse-Kotto, République Centrafricaine. ©OCHA/V. Bero 2023

Répondre aux défis persistants de la crise humanitaire en 2024

La République centrafricaine continue de faire face à une crise humanitaire complexe malgré la diminution du nombre de personnes dans le besoin. Si les conditions sécuritaires se sont améliorées dans certaines régions, des défis persistent notamment des affrontements récurrents entre parties au conflit poussant la population au déplacement, et perturbant leur accès aux moyens de subsistance. Un centrafricain sur cinq est soit déplacé à l’intérieur de son pays soit à l’étranger suite à la violence qui persiste.

En 2024, la situation demeure préoccupante avec 2,8 millions de personnes– soit 46% de la population -qui seront extrêmement vulnérables, au point que seule l’assistance humanitaire ne suffira pas pour leur bien-être. L’affinement des besoins grâce aux consultations menées en amont notamment avec les autorités et les communautés affectées à l’intérieur du pays a montré que certaines zones à stabilité relative nécessitent plutôt la mobilisation d’autres acteurs, comme ceux du développement, pour garantir le maintien des acquis issus de l’action humanitaire, et soutenir durablement la protection et la résilience des communautés vulnérables.

Face à ces défis, la communauté humanitaire vise à apporter une assistance multisectorielle vitale à 1,9 millions de centrafricains les plus vulnérables, et appelle à la mobilisation de 367,7 millions de dollars américains. La stratégie de réponse repose sur la multisectorialité face aux diverses vulnérabilités des personnes dans le besoin, la centralité de la protection, et la localisation de la réponse pour une participation systématique d’acteurs nationaux. Cette stratégie comprend également la redevabilité envers les personnes affectées pour une réponse correspondant à leurs attentes, et le nexus humanitaire-développement-paix pour tirer profit des zones de stabilité, et ainsi renforcer la résilience des populations en promouvant des solutions durables face aux déplacements.

En plus de la situation humanitaire déjà difficile et des contraintes financières récentes, les acteurs humanitaires ont fait face à de nouvelles crises en 2023 avec l’impact de la guerre du Soudan dans le nord-est et de l’insécurité à la frontière avec le Tchad dans le nord-ouest du pays. Malgré ces défis et grâce à la générosité des bailleurs de fonds, 2 millions de centrafricains les plus vulnérables ont reçu une assistance vitale dans au moins un secteur, notamment dans les régions longtemps restées inaccessibles par voie routière dans le centre du pays. Cependant, seulement 56% des fonds requis ont été mobilisés, avec de profondes disparités entre les secteurs. C’est notamment le cas des violences basées sur le genre et la nutrition qui n’ont reçu que 6% et 24% respectivement des fonds requis.

Face à la récente dynamique sans cesse changeante de l’environnement d’appui à l’aide humanitaire, la communauté humanitaire centrafricaine appelle à une mobilisation pour la population centrafricaine, notamment pour soutenir durablement la protection et la résilience des communautés vulnérables.

Pour en savoir plus, consulter le Plan de réponse humanitaire ici.

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Article principal
Une session de sensibilisation aux risques liés aux engins explosifs à Koui. © Handicap International, Préfecture de l'Ouham-Pendé, RCA.
Une session de sensibilisation aux risques liés aux engins explosifs à Koui. © Handicap International, Préfecture de l'Ouham-Pendé, RCA.

La menace sans cesse croissante des engins explosifs

Les accidents impliquant des mines et autres engins explosifs ne cessent de prendre des proportions croissantes en République centrafricaine (RCA) depuis avril 2021, en particulier dans l'ouest du pays.

Une accumulation alarmante

Au 13 novembre 2023, 23 personnes dont 18 civils ont été tuées dans 65 incidents et accidents impliquant des engins explosifs. Cette année, le nombre de personnes tuées atteint déjà le double par rapport à 2022, alors que le nombre d'incidents a augmenté de 15%. En 2021, 44 incidents et accidents ont été enregistrés, tuant 30 personnes et blessant 48 autres. 2022 et 2021 ont affiché une augmentation significative par rapport à l’année 2020, où seuls deux incidents sans victimes avaient été enregistrés.

Les civils sont les principales victimes des engins explosifs en RCA. Plus du trois quarts des victimes en 2023 sont des civils dont 15 enfants. La région la plus touchée depuis les deux dernières années demeure l'ouest du pays, notamment les préfectures de l'Ouham, l’Ouham-Pendé, la Nana-Mambéré et la Mambéré-Kadei.

Pour la première fois en RCA, des mines antipersonnel ont été découvertes en avril 2022. La population en a trouvées deux dans un village près de Bambari dans la Préfecture de la Ouaka et les a signalées au Service de la lutte antimines des Nations Unies (UNMAS) et à la MINUSCA qui ont détruit les engins avant qu'ils ne puissent nuire. Les mines antipersonnel sont interdites par la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel, qui est entrée en vigueur pour la RCA en 2003.

Les accidents impliquant des mines et autres engins explosifs ne cessent de prendre des proportions croissantes en République centrafricaine (RCA) depuis 2021, en particulier dans l'ouest du pays.

Une accumulation alarmante

En 2023, 27 personnes dont 19 civils ont été tuées dans 82 incidents et accidents impliquant des engins explosifs. Le nombre de personnes tuées et celui d’incidents ont respectivement augmenté de 15 et 24% par rapport à 2022. Les trois dernières années ont affiché une augmentation significative par rapport à l’année 2020, où seuls deux incidents sans victimes avaient été enregistrés* .

Les civils sont les principales victimes des engins explosifs en RCA. Plus du trois quarts de victimes en 2023 sont des civils dont 19 enfants. La région la plus touchée depuis les trois dernières années demeure l'ouest du pays, notamment les préfectures de l'Ouham, l’Ouham-Pendé, la Nana-Mambéré et la Mambéré-Kadei.

Pour la première fois en RCA, des mines antipersonnel avaient été découvertes en 2022. La population en avait trouvé deux dans un village près de Bambari dans la Préfecture de la Ouaka et les avait signalées au Service de la lutte antimines des Nations Unies (UNMAS) et à la MINUSCA qui les avait détruites avant qu'elles ne puissent nuire. Les mines antipersonnel sont interdites par la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel, entrée en vigueur pour la RCA en 2003.

En juillet 2020, l'utilisation présumée de mines antichars avait été signalée pour la première fois dans le pays depuis la création de la mission de maintien de la paix, la MINUSCA, en 2014. L'un des dispositifs suspectés avait endommagé un char de la MINUSCA près de la frontière avec le Cameroun.

Sans distinction

Les victimes sont diverses : une famille, des enfants, des cultivateurs, un acteur humanitaire, des marchands, des éléments armés, des casques bleus, des militaires et des prêtres. Les engins explosifs qui sautent en raison de la présence, de la proximité ou du contact d'une personne ne peuvent pas faire de distinction entre les civils et les combattants, ce qui soulève d'importantes préoccupations concernant les principes de distinction et de proportionnalité en vertu du droit international humanitaire.

Restriction de l’accès humanitaire et des activités socio-économiques

La présence présumée ou effective d'engins explosifs limite gravement l'accès humanitaire aux personnes vulnérables dans un contexte déjà marqué par des restrictions d'accès en raison de conflits armés et de contraintes physiques.

En particulier dans les préfectures de l'Ouham, l’Ouham-Pendé, la Nana-Mambéré et la Mambéré-Kadei à l’ouest du pays, 770 000 personnes en besoin ciblées par les acteurs humanitaires en 2024 risquent de voir leur assistance retardée ou suspendue notamment dans les secteurs de la sécurité alimentaire, la nutrition, l’accès à l’eau potable et la protection, y compris contre les violences basées sur le genre. Même si l’assistance par voie aérienne peut être envisagée, elle reste limitée au regard de son coût élevé et des priorités opérationnelles.

Les civils qui empruntent les différents tronçons routiers et sentiers dans le cadre de leurs activités génératrices de revenus et autres moyens de subsistance comme cultiver les champs, se trouvent très limités dans leurs mouvements, dans cette région où l’insécurité alimentaire demeure critique.

Dans ce contexte, la présence d’acteurs de la sécurité et du déminage demeure essentielle pour la protection des civils et la mise en œuvre des opérations humanitaires.

Protéger les civils et les travailleurs humanitaires

Humanité & Inclusion (HI), une ONG financée par le Fonds humanitaire de la RCA, a sensibilisé en 2022 et 2023 les personnes les plus vulnérables de la zone de Bocaranga et Koui (préfecture de l'Ouham-Pendé) au danger des engins explosifs, et leur a appris des comportements sûrs à adopter pour réduire les risques auxquels elles sont confrontées. Les sessions de sensibilisation dans les villages ont atteint 5 850 personnes, parmi lesquelles figuraient 1 280 femmes, 3 140 enfants et 560 personnes handicapées. Une attention particulière a été accordée à l'inclusion des personnes handicapées, des femmes, des filles et des personnes âgées, et les barrières linguistiques et l'analphabétisme ont été abordés, par exemple en adaptant le matériel et les méthodes de sensibilisation, afin de garantir que toutes les personnes aient accès aux informations vitales sur les engins explosifs. En outre, HI a organisé des sessions de sensibilisation renforcées dédiées à 40 acteurs humanitaires de l’Ouham-Pendé.

Les deux projets réalisés ont permis de diffuser les messages clés d'éducation aux risques liés aux engins explosifs en utilisant divers canaux de communication, notamment des panneaux d'affichage et des messages radio. Ces derniers ont été conçus en suivant une approche communautaire visant à habiliter la communauté à concevoir et enregistrer des messages radio adaptés au contexte, diffusés en cinq langues locales sur la radio communautaire MBILI, largement écoutée dans une grande partie de l'Ouham-Pendé.

En 2023, UNMAS a atteint 13 470 personnes, dont 3 850 enfants avec une campagne de sensibilisation sur la menace des engins explosifs à Bouar et Bambari. Des panneaux de sensibilisation ont été placés à des endroits stratégiques, et des dessins et des photographies mettent en exergue les précautions à prendre non seulement pour éviter les engins explosifs, mais aussi pour les baliser et les signaler aux organisations chargées du déminage. UNMAS a également organisé des séances de sensibilisation sur les risques liés aux engins explosifs pour plus de 428 membres du personnel humanitaire et de l'ONU.

Malgré les campagnes de sensibilisation en cours, il est nécessaire de renforcer l’éducation aux risques compte tenu de l’ampleur du problème. Des ressources supplémentaires seront sans doute nécessaires pour étendre la portée des projets d’éducation aux risques pour les enfants, les femmes et les hommes dans les régions les plus touchées.

Regardez une vidéos à ce sujet ici (en anglais).

*Selon le domaine de responsabilité de la lutte antimines (DRLAM) activé le 27 avril 2023, en RCA, dans le cadre de la protection des personnes contre les risques d’explosion dans les situations d’urgence humanitaire et promotion des solutions inclusives, locale et durables.

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Aperçu des mouvements de population (janvier 2024)

Aperçu des mouvements de population (janvier 2024)

Au 31 janvier 2024, le nombre total de personnes déplacées internes (PDI) en RCA est estimé à 522 231 individus composés respectivement de :

- 109 392 personnes dans les sites soit 21% du total ;

- 412 839 personnes dans les familles d’accueil soit 79% du total.

Cela représente une augmentation de 10 428 PDI (2%) du volume global de déplacement par rapport au mois de décembre 2023 où le nombre de PDI était estimé à 511 803 personnes.

Les nouveaux déplacements ont été rapportés dans les préfectures de la Haute-Kotto, de l’Ouham Pendé et de la Ouaka particulièrement affectées par les violences des hommes en armes et les affrontements entre les forces armées centrafricaines (FACA) et les groupes armés.

Par ailleurs, les retours spontanés rapportés en janvier 2024 sont dus à l’amélioration de la situation sécuritaire dans les villages et quartiers de provenance. Les retours les plus significatifs ont été rapportés dans les préfectures de la Haute-Kotto et Mbomou.

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République centrafricaine: Aperçu des incidents ayant touché les travailleurs humanitaires (février 2024)

République centrafricaine: Aperçu des incidents ayant touché les travailleurs humanitaires (février 2024)

En février 2024, 14 incidents ont affecté le personnel humanitaire et leurs biens en République centrafricaine. La tendance globale est restée la même au cours des quatre derniers mois. La sous-préfecture de Zémio avec un taux de 25%, est la plus affectée en raison des nombreux cas de braquages.

Au cours de ce mois, les incidents ont porté sur neuf cas de braquage à mains armées, cinq cas d’interférences causées par les OSP et GA. Les interférences ont porté sur des réquisitions de véhicules humanitaires, des violations du caractère civil des locaux et des arrestations qui témoignent du contexte difficile dans lequel travaillent les acteurs humanitaires.

Dans le même temps, les civils continuent d’être victimes de tensions armées et de violences dans le pays.

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Contexte
Les besoins humanitaires ont globalement baissé mais vont rester importants en 2024
Un enfant s'occupant de son frère cadet en l'absence de ses parents sur le site des personnes déplacées d'Alindao. ©OCHA / V. Bero 2023, Préfecture de Basse-Kotto.

Les besoins humanitaires ont globalement baissé mais vont rester importants en 2024

Le nombre de chocs auxquels les populations font face comme les affrontements ont baissé. Tout comme les mouvements de population qu’ils entraînent suite à une légère amélioration de la situation sécuritaire. Toutefois, un Centrafricain sur cinq demeure déplacé soit à l’intérieur du pays soit à l’étranger et principalement dans les pays voisins à cause de l’insécurité engendré par les conflits. Par ailleurs, des affrontements entre les différentes parties au conflit et des attaques contre les civils restent récurrents et des nouveaux déplacements ont été enregistrés, tout comme des violations des droits humains et du droit international humanitaire par des hommes armés, obligeant la population à chercher refuge ailleurs. C’est le cas notamment des régions sud-est et ouest du pays. Les conflits au Soudan et au Tchad voisins ont également impacté la vulnérabilité des populations, augmentant l’ampleur des besoins dans les régions nord-est et nord-ouest.

2,8 millions de personnes – soit 46% de la population - seront extrêmement vulnérables en 2024, au point que seule l’assistance humanitaire ne suffira pas pour leur bien-être. La baisse de ce chiffre par rapport à 2023 est liée non seulement à une amélioration générale du contexte, mais aussi à l’affinement de l’analyse des besoins pour faire ressortir ceux issus des problèmes structurels et qui atteignent des seuils d’intervention humanitaire dans quelques cas, et ceux issus des chocs récents subis par la population. En effet, dans plusieurs régions, les acteurs humanitaires sont souvent les seuls à assurer l’accès aux services sociaux de base comme la santé et l’éducation pour lesquels d’autres types d’acteurs, notamment les acteurs de développement seraient plus adaptés. Dans ce contexte, lorsque l’aide humanitaire, qui a pour vocation de parer aux conséquences d’un choc récent, prend fin, le manque de relai sur le long terme par des acteurs mieux adaptés fait tomber la population dans un cycle de dépendance.

C’est ce que décrit le nouvel Aperçu des besoins humanitaires 2024 pour la République centrafricaine (RCA) qui se base sur les résultats de l’analyse multisectorielle conjointe menée par la communauté humanitaire. Cette analyse s’est largement basée sur les personnes affectées en interviewant 28 000 ménages, 430 informateurs/observateurs clés et 280 enfants répartis à travers les 72 sous-préfectures du pays. Ses résultats illustrent comment la crise actuelle affecte les conditions de vie des populations, les services et l’accès à ces services, et informent sur les besoins prioritaires des populations.

L’envergure des besoins

Lors des évaluations, les ménages interviewés ont exprimé leurs besoins dans différents secteurs, ce qui a permis à la communauté humanitaire de se rapprocher le plus possible des points de vue des personnes affectées et d’élaborer une planification stratégique et conjointe de la réponse. Ainsi, en 2024, les secteurs avec le plus grand nombre de personnes dans le besoin seront l’eau, hygiène et assainissement, la sécurité alimentaire, la santé et la protection, totalisant entre 1,9 millions et 2,5 de personnes.

Malgré la baisse du nombre total de personnes dans le besoin, certaines préfectures ont affiché une augmentation suite à la détérioration de la sécurité à l’intérieur du pays ou dans les régions frontalières. C’est notamment le cas de la Vakaga (+32%), du Haut-Mbomou (+16%), de la Lobaye (+9%) et du Mbomou (+4%). Cependant, les cinq préfectures ayant enregistré le plus grand nombre de personnes dans le besoin sont respectivement la Ouaka (348 000), l’Ouham (229 000), la Mambéré-Kadéï (158 000), la Nana-Gribizi (156 000) et Bangui (120 000).

Le plus la sécurité s’améliorera et l’accès aux services de base rétablis par des acteurs mieux adaptés, le moins il y aura des besoins humanitaires en RCA. A la fin des programmes d’aide d’urgence, le relai ou les besoins non couverts devront être pris en charge par d’autres types d’acteurs, comme ceux du développement, pour éviter que la population ne tombe dans un cycle de dépendance destructeur de sa résilience.

Fondation de la réponse humanitaire en 2024

L’Aperçu des besoins humanitaires présente une compréhension commune de la crise au sein de la communauté humanitaire, notamment l’ampleur des besoins, les besoins les plus urgents, et le nombre de personnes les plus vulnérables. A ce titre, il constitue une base factuelle servant à éclairer la planification stratégique conjointe de la réponse, à travers le Plan de réponse humanitaire.

Télécharger l’Aperçu des besoins humanitaires 2023 pour la RCA ici.

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Rapport de situation
Analyse
Une famille sur un site pour personnes déplacées, ©OCHA, Préfecture de la Nana-Gribizi, République centrafricaine
Une famille sur un site pour personnes déplacées, ©OCHA, Préfecture de la Nana-Gribizi, République centrafricaine

Vivre ou simplement être vivant : la difficile vie des personnes déplacées internes

Les personnes déplacées internes (PDI) de Batangafo dans la Préfecture de l’Ouham à l’ouest du pays vont bientôt passer 10 ans sur les différents sites d’accueil. Ces lieux avaient été créés en 2014 au plus fort du conflit centrafricain, pour abriter les populations de Batangafo et des villages voisins en quête de refuge. Avec ce séjour prolongé sur un site pour PDI, certaines d’entre elles appellent à une assistance afin retourner dans leurs milieux d’origine et reprendre une vie normale, mais la décision ne vient pas aisément. A cause de l’insécurité, un Centrafricain sur cinq est actuellement déplacé à l’intérieur du pays ou a trouvé refuge à l’étranger, principalement dans les pays voisins.

Les violences envers les civils et l’insécurité dans les localités hors des centres urbains continuent d’impacter le bien-être de plusieurs millions des Centrafricains qui voient leurs moyens de subsistance se détériorer et leur accès à la nourriture, à l’eau potable et bien d’autres services de base, notamment les soins de santé drastiquement limité. Ainsi en 2024, 2,8 millions de personnes, soit 46% de la population, seront extrêmement vulnérables en République centrafricaine que seule l’assistance humanitaire ne suffira pas pour leur bien-être.

Né et grandi dans un site pour personnes déplacés internes

Reine Koutigué fêtera bientôt son dixième anniversaire au même moment que le site de Baga à Batangafo où elle est née et qu’elle habite encore. Grâce à l’appui des acteurs humanitaires au centre de santé installé à l’intérieur du site, la mère de Reine a pu bénéficier de soins nécessaires de la période prénatale jusqu’à l’accouchement. Mais à son anniversaire, ce ne sont pas des bougies qu’elle soufflera comme d’autres enfants, ni des messages de souhait qu’elle recevra. Ce sera malheureusement un jour comme les autres, rythmé par une promiscuité aux effets déstabilisants pour un enfant de son âge. La fillette n’a jamais vécu dans un habitat traditionnel, comme le village d’origine où se trouvait la maison de ses parents.

Actuellement en classe de CM1 (Cours moyenne niveau 1), Reine rêve de faire carrière dans la santé pour soigner ses frères et sœurs. « Je ne voudrais pas que mes frères meurent. Je vais les soigner quand je serai grande. C’est pourquoi je voudrais travailler à l’hôpital », a-t-elle confié. Comme Reine, beaucoup d’autres enfants sont nés et sont en train de grandir dans le site de Baga. Selon des témoignages, certains de ces enfants n’agiraient pas comme ceux nés dans un habitat traditionnel et auraient des comportements quelque peu différents.

« Je le trouve parfois solitaire, parfois agressif, et je pense cela pourrait être lié à l’environnement dans lequel il grandit », a fait observer Emmanuel Mokpême, père du petit Edouard qui comme Reine fêtera son dixième anniversaire bientôt. Le petit rêve de devenir enseignant, mais son père a quelques doutes sur la capacité de concentration de son enfant comparé aux autres enfants nés et grandis dans un village classique. « C’est le manque de repère, de jeux, de modèle, d’un quotidien normal qui fait tout cela », a poursuivi le Emmanuel Mokpême qui souhaite voir son fils atteindre ses 10 ans hors du site pour PDI.

Des intentions de retour parfois à l’épreuve des ressources et de l’insécurité

La décision de retourner n’est pas sans difficulté pour les PDI. Suite à l’amélioration des conditions sécuritaires, certaines PDI décident de retourner chez elles mais nécessitent des moyens pour se réinstaller. Lors du déplacement, les habitations sont soit délabrées soit pillées et parfois brûlées par les parties au conflit. Dans d’autres situations, les PDI doivent choisir entre rester sur les sites, retourner dans leurs milieux d’origine parce que lassées par les conditions précaires des sites même si les conditions sécuritaires ne sont pas très rassurantes, ou rester sur le site car ne possédant plus rien dans leurs milieux d’origine. « Nous n’avons plus de maison. Nous sommes venus de la ville de Bouca à 90km de Batangafo. Et retourner, ce n’est plus possible à cause de l’insécurité », a fait savoir Sabé Isaï qui vit dans le site pour PDI de Baga depuis bientôt 10 ans.En août 2023, environ 489 000 PDI ont été enregistrées en République centrafricaine (RCA). 120 500 personnes vivent toujours sur le site et 368 300 autres sont hébergées par des familles d’accueil. Au total 227 000 personnes sont retournées chez elles lors des 12 derniers mois suite notamment à l’amélioration de la situation sécuritaire.

Adapter la réponse humanitaire

En fonction des spécificités de chaque zone, la communauté humanitaire met en œuvre de l’assistance d’urgence ou l’appui aux retours volontaires de PDI, en partenariat avec d’autres acteurs. La situation humanitaire en RCA est volatile. Les acteurs humanitaires adaptent leur réponse en tenant compte de cette réalité, et collaborent avec d’autres acteurs, notamment pour les programmes d’appui aux retours volontaires.

Dans ce cadre, l’appui aux retours volontaires fait partie des quatre axes de la stratégie d’intervention du Plan de réponse humanitaire 2023. Depuis le début de l’année, les acteurs humanitaires ont accompagné le retour volontaire de 4 600 ménages dans les préfectures de la Haute-Kotto et Nana-Gribizi dans le centre du pays, notamment en fournissant des abris transitionnels, réhabilitant des ouvrages d’eau, hygiène et assainissement, fournissant des articles ménagers essentiels et en appuyant des activités génératrices de revenus pour les ménages retournés. Aux côtés du Bureau pour l’assistance humanitaire (BHA) de l’Agence américaine pour le développement international (USAID), le Fonds Humanitaire pour la RCA est l’un des donateurs clés pour ce premier appui vital pour les personnes retournées. Il a déboursé jusqu’ici plus de 2,6 millions de dollars. Une fois réinstallés, les personnes retournées ont des besoins auxquels l’assistance d’urgence n’est plus adaptée et nécessitent l’intervention d’autres types d’acteurs, notamment pour la relance des services sociaux de base.

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Visuels

Diversifier et renforcer les programmes de transferts monétaires (PTM) en RCA, Janvier- Décembre 2023

République Centrafricaine Assistance en Espèce et Bons d’Achat (1er janvier - 31 décembre 2023)

Fidèles à leur engagement pris dans le Plan de réponse humanitaire (PRH) 2023 d’assister 1,6 million de personnes affectées par de multiples chocs selon leur préférence, les acteurs humanitaires ont poursuivi leurs efforts dans la mise en œuvre des programmes de Transferts monétaires (TM) en espèces et bons d’achat dans l'ensemble de la réponse humanitaire en RCA. Comparé à 2022, le nombre de sous-préfectures touchées par ce type d’assistance a augmenté en 2023 (45 contre 43 en 2022) mais l’effectif de personnes assistées a baissé de 38% (677 100 contre 1 100 000 en 2022). En 2023, la baisse des TM en espèce et bons d’achat (-38% en comparaison à 2022) serait en partie liée à la baisse générale du niveau de financement du PRH de la RCA, au faible approvisionnement des marchés dans le nord-est (à cause de la guerre au Soudan), et à l'augmentation des coûts opérationnels à la suite de l'inflation généralisée en 2023, qui a contraint certains acteurs à réduire leurs cibles programmatiques initiales.

Le montant total des TM est passé de 30,5 millions de dollars en 2022 à 25,1 millions en 2023, soit une baisse de 18%. Tant en 2022 qu'en 2023, le secteur qui a assisté le plus de personnes avec les TM en espèces et bons d’achat est la sécurité alimentaire (991 000 personnes assistées en 2022 et 504 400 en 2023). Comparé à 2022, le coupon a été moins utilisé en 2023 (491 000 en 2022 contre 123 700 en 2023), mais le transfert électronique a été plus utilisé en 2023 qu’en 2022 (225 200 contre 176 000). Depuis 2022, les sous-préfectures de Kaga-Bandoro, de Bambari et d’Alindao ont bénéficié plus d’assistance en TM en espèce et bons d’achat.

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Rapport de situation
Visuels

République Centrafricaine : tableau de bord humanitaire Janvier – Décembre 2023

Dashboard hum FR

En 2023, le contexte humanitaire en République centrafricaine s’est relativement amélioré par rapport aux cinq dernières années. Des progrès ont été observés dans certaines régions du pays, en particulier dans le sud-ouest et les grandes villes. Néanmoins, les populations continuent d’être confrontées à l’insécurité et aux menaces qui pèsent sur leur bien-être, avec la résurgence de nouveaux points chauds notamment dans le sud-est, exacerbée par l’impact de la crise en cours au Soudan et dans le sud du Tchad ayant entraîné un afflux de rapatriés, de demandeurs d’asile et de réfugiés dans le nord-est et le nord-ouest du pays. En 2023, le nombre de personnes les plus vulnérables pour lesquelles seule l’assistance humanitaire ne suffit pour rétablir leur bien-être était estimé à 3,4 millions. 2,4 millions d’entre elles, extrêmement vulnérables, ont été ciblées par le Plan de réponse humanitaire.

De janvier à décembre 2023, 112 acteurs humanitaires ont fourni une assistance humanitaire vitale à 2 millions de personnes dans au moins un secteur, avec des disparités entre les secteurs selon le niveau de financement reçu. Seulement 56,3 % des 533,3 millions de dollars requis pour la réponse humanitaire en 2023 ont été mobilisés, soit près de 233,2 millions de dollars en moins que prévu.

Le tableau de bord humanitaire de la RCA peut être téléchargé ici.

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Rapport de situation
Réponse d'urgence
Les acteurs humanitaires essayant de dégager une voiture embourbée lors de la mission à Yalinga. ©OCHA/Enzo Senga, Préfecture de la Haute-Kotto, République centrafricaine, 2023.
Les acteurs humanitaires essayant de dégager une voiture embourbée lors de la mission à Yalinga. ©OCHA/Enzo Senga, Préfecture de la Haute-Kotto, République centrafricaine, 2023.

Répondre aux besoins humanitaires dans les zones isolées

La population civile en République centrafricaine (RCA) continue de payer un lourd tribut, dans un pays ravagé par des conflits et la violence subséquente depuis plus d’une décennie. Située au sud-est de la préfecture de la Haute-Kotto dont elle constitue l’une des quatre sous-préfectures, Yalinga qui abrite une population estimée à 10 650 habitants demeure l’une des plus vulnérables et isolées du pays. Les routes sont très difficiles d’accès lorsqu’elles existent, et le réseau cellulaire ne couvre pas cette localité située à près de 600 km de Bangui la capitale. L’accès aux services de base notamment l’eau et la santé y sont très faibles, tandis que l’insécurité alimentaire qui y prévaut est parmi les plus sévères du pays. La plupart des habitants sont des retournés spontanés après des années de déplacements suite aux nombreuses exactions des groupes armés.

Des obstacles majeurs à l’accès humanitaire

Difficilement accessible à cause des activités des groupes armés, ainsi que sur le plan physique à cause de la dégradation ou l’absence des routes particulièrement pendant la saison des pluies (avril-octobre), la Sous-préfecture Yalinga a toujours fait face à une situation humanitaire inquiétante.

Les affrontements entre les différents groupes armés sur fond de contrôle des ressources sont réguliers. La population continue de subir au quotidien des extorsions de ses biens, des taxations illégales et d’autres violations des droits humains. Les organisations humanitaires sont également touchées par des braquages et des tentatives de kidnapping lorsqu’elles essaient de venir en aide aux plus vulnérables. Ce fut le cas en décembre 2022 lorsque des agents d’une Organisations non-gouvernementale (ONG) en mission pour installer un système de conservation des vaccins dans un centre de santé dans la région de Yalinga avaient été retenus par des hommes armés, avant d’être relâchés grâce à des négociations menées par les autorités locales. En 2021, un transporteur privé travaillant pour une ONG avait été braqué et trois mois de dotation en médicaments pour le centre de santé de Yalinga avaient été emportés par des hommes armés. La présence des groupes armés depuis 2020 et l’insécurité ont rendu les activités humanitaires et les missions d’évaluation multisectorielle par voie terrestre impossibles, menant au retrait temporaire des organisations humanitaires jusqu’en avril 2023.

Pour la première fois depuis plus de trois ans, une mission humanitaire par voie terrestre constituée des organisations OXFAM, INTERSOS, AURD, BRIA-LONDO, ESPERANCE et le Programme alimentaire mondial (PAM), sous le leadership du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a séjourné à Yalinga du 18 au 22 avril 2023. La mission a évalué les besoins de la population et préparé un plan de réponse couvrant la période d’avril à décembre 2023. Des contacts préliminaires avec les autorités et les acteurs de la société civile à Yalinga et dans la région ont permis d’identifier et de mitiger les risques liés aux déplacements par voie routière dans cette zone.

Des besoins multisectoriels

Selon les résultats des évaluations menées en avril 2023, des besoins importants ont été identifiés dans quasiment tous les secteurs, notamment la protection, la santé, la sécurité alimentaire, la nutrition, l’éducation, l’eau, l’hygiène et l’assainissement.

Plus de 120 incidents de protection, notamment des cas de tortures, d’enlèvements, de destruction de propriété et 50 cas de violences basées sur le genre (VBG) ont été documentés. La présence des groupes armés, les conditions économiques défavorables des parents, le manque d’infrastructures scolaires et d’enseignants qualifiés ont causé la déscolarisation de plus de 60% d’enfants. L’accès à l’eau potable reste un grand défi pour la population qui continue d’utiliser l’eau des rivières et des puits traditionnels car ne disposant d’aucune source d’eau aménagée. « Notre communauté vit dans des conditions précaires, cette mission est une lueur d’espoir. Nous sommes très heureux de voir que les organisations humanitaires sont de retour afin de nous apporter l’aide dont nous avions besoin », a déclaré Jean-Irénée NGUIMENDE, maire de Yalinga.

Une réponse humanitaire à point nommé

Afin de répondre aux besoins urgents des populations, la mission d’évaluation a été couplée avec une première assistance humanitaire. Avec l’appui de l’ONG Bria-Londo, un lot d’équipements de communication a été remis aux autorités de Yalinga pour la réinstallation de la radio VHF qui permettra de communiquer avec l’extérieur, notamment sur la protection des habitants. Aucun réseau cellulaire ne couvre la zone.

11 survivantes de VBG ont bénéficié d'une assistance en cash, notamment pour couvrir leurs besoins alimentaires, avec le soutien de INTERSOS. Afin de mitiger les risques de VBG qui touchent particulièrement les filles et les femmes de la localité, neuf séances de sensibilisation de groupe sur des thématiques de VBG ont été réalisées pour environ 240 femmes et filles. 40 femmes et filles vulnérables avec des besoins spécifiques ont reçu des kits d’hygiène de la part d’OXFAM. Afin de soutenir l’éducation des enfants, six écoles sur les 10 que compte la sous-préfecture ont reçu des kits didactiques avec l’appui de l’ONG COOPI.

Avec l’appui de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 300 moustiquaires imprégnées d’insecticide ont été distribuées et environ 5 380 personnes sensibilisées sur l’hygiène menstruelle, les techniques de traitement de l’eau à domicile et l’hygiène du cadre de vie. La formation des membres du comité de paix de Yalinga sur les activités génératrices de revenus et la dotation du comité en kits de microprojet (vente de biens de première nécessité) par l’ONG Bria-Londo permettra de soutenir la sécurité alimentaire et nutritionnelle des habitants.

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Rapport de situation
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Des personnes déplacées internes en provenance de Mboki discutent leur situation avec des acteurs humanitaires à Zémio, ©HCR/Innocent Mbaitoubam, Préfecture du Haut-Mbomou, République centrafricaine, Juin 2023.
Des personnes déplacées internes en provenance de Mboki discutent leur situation avec des acteurs humanitaires à Zémio, ©HCR/Innocent Mbaitoubam, Préfecture du Haut-Mbomou, République centrafricaine, Juin 2023.

Le Haut-Mbomou au bord d’une crise humanitaire dévastatrice

Déjà parmi les préfectures les plus affectées par une décennie de conflits et de problèmes structurels, le Haut-Mbomou a vu sa situation sécuritaire et humanitaire se détériorer progressivement depuis une année. Deux groupes armés s’y affrontent sur fonds de conflits communautaires et de contrôle des ressources, entraînant des conséquences dévastatrices pour les populations. En 2024, plus de 80% des habitants de la Préfecture auront urgemment besoin d’assistance humanitaire et de protection.

Un lourd tribut pour les civils

Depuis le début de l’année, suite aux affrontements entre groupes armés, plusieurs civils dont le nombre demeure inconnu ont été tués, des maisons brûlées, et plus de 4 300 personnes se sont déplacées de Mboki et se réfugient actuellement dans la région de Zémio dans la préfecture voisine de Mbomou. Parmi ces personnes, 1 950 auraient traversé la frontière pour se réfugier en République Démocratique du Congo. Ces derniers mois, plusieurs attaques ont été rapportées sur l'axe Zemio-Mboki, ciblant spécifiquement des personnes en raison de leur origine ethnique ou religieuse. Face à l’insécurité persistante, l’accès aux marchés et services de base comme la santé est actuellement très limité pour les populations dont la sévérité des besoins humanitaires demeure parmi les plus élevées dans le pays, notamment en sécurité alimentaire. A cela s’ajoutent la suspension des activités humanitaires dans la sous-préfecture et des problèmes d’accès physique à plusieurs villages qui s’observent durant la saison des pluies (avril à octobre), en raison des inondations et des risques élevés de mouvements de population associés.

La santé particulièrement affectée

En mai 2023, des hommes armés ont pillé la base et la pharmacie de l'ONG qui assurait les soins de santé à Mboki, entraînant une rupture totale des médicaments essentiels. Le poste de santé de Kadjemah a également été pillé et détruit. En raison de l’insécurité qui en a résulté, les équipes de l’ONG ont été évacuées de Mboki. De plus, des hommes armés ont proféré des menaces de mort à l’encontre du personnel de santé et les acteurs humanitaires. Une sage-femme a été tuée pour un prétendu soutien qu’elle aurait apporté à une des parties au conflit. Au début de l’année 2024, les postes de santé de Maboussou et de Gpabou ont été pillés par des hommes armés. Les travaux de réhabilitation du centre de santé de Mboki ont été suspendus tout comme les activités des acteurs humanitaires dans la zone. Suite à ces violences, 80% de la population vivant sur l’axe Zemio-Mboki s’est réfugiée dans la brousse. Actuellement, il n'y a aucune présence humanitaire physique à Mboki. Cette insécurité a également provoqué une baisse de fréquentation des services de santé, y compris dans les zones de refuge, notamment à Zémio et Mboki. Les services de santé de la reproduction et les activités de vaccination sont particulièrement affectés, tandis que les risques de résurgence d’épidémies de rougeole et pics des cas de paludisme sont élevés. Le recours aux accouchements assistés a baissé de plus de 55%, dans un pays qui affiche le cinquième taux de mortalité maternelle le plus élevé au monde (829 décès pour 100 000 naissances vivantes).

Une réponse humanitaire d’urgence

En mai 2023, les organisations humanitaires fournissaient des soins de santé aux personnes déplacées se trouvant à Zémio, notamment en santé primaire et de reproduction. Elles ont, entre autres, remis au centre de santé de Zémio des intrants médicaux permettant de répondre aux besoins d’environ 1 400 personnes, notamment pour le traitement des infections sexuellement transmissibles et lors des situations post-viol. Et depuis le début de cette année, les organisations humanitaires ont entrepris plusieurs initiatives pour répondre aux besoins des populations vulnérables. Chaque mois, environ 500 ménages bénéficient de distributions d’une certaine somme d’argent, et des programmes Cash for work (CFW). Parallèlement, des activités de coordination et de gestion des sites ont été menées, telles que l'enregistrement des ménages et l'aménagement des sites. La réponse en cours comprend également la réhabilitation des forages et puits pour permettre aux personnes déplacées d’accéder à l’eau potable, la distribution de semences vivrières à près de 450 ménages, et la création d'un espace « Ami des Enfants » dans les localités de Banangui et de Maboussou. De plus, des formations sur la protection de l'enfance ont été dispensées à plus d'une cinquantaine de personnes dans les localités de Zemio centre, Feinzane, Kamanda et de Gouyanga. L’objectif de ces efforts étant d'apporter de l'aide à 3 150 personnes parmi les plus vulnérables. Face à l’ampleur des besoins au niveau national et au contexte qui subit des nouveaux développements, notamment avec l’impact de la crise du Soudan dans le nord du pays, et les défis liés à l’acheminement des fournitures nécessaires à la mise en œuvre des projets, les capacités d’absorption des besoins supplémentaires deviennent de plus en plus limitées.

Une protection fragile

Malgré l’assistance en cours, la protection demeure la principale priorité des populations qui ne savent plus accéder à leurs champs, source principale de leur survie. Le retour des personnes actuellement en situation de déplacement continue de faire face à plusieurs problèmes de protection en particulier liés à la liberté de mouvement, y compris le risque de servir de bouclier humain aux parties au conflit, et à l’accès aux moyens de subsistance. Aussi, les civils continuent-ils de subir des représailles, notamment des tueries, pour un prétendu soutien à l’une ou l’autre des parties au conflit.

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Rapport de situation
Réponse d'urgence
Les acteurs humanitaires échangent avec des demandeurs d'asile tchadiens à Bedaka. ©OCHA/Petula Malo, Préfecture de la Lim-Pendé, République centrafricaine, 2023.
Les acteurs humanitaires échangent avec des demandeurs d'asile tchadiens à Bedaka. ©OCHA/Petula Malo, Préfecture de la Lim-Pendé, République centrafricaine, 2023.

Des milliers de tchadiens se réfugient en RCA

38 014 personnes, majoritairement des femmes et des enfants, dont 6 235 rapatriés spontanés centrafricains en provenance du Tchad sont arrivées depuis avril en République centrafricaine (RCA) dans la Sous-préfecture de Paoua, Préfecture de la Lim-Pendé, et celle de Markounda, Préfecture de l’Ouham dans le nord-ouest du pays, fuyant des incursions d’un groupe armé tchadien. Elles sont hébergées par des familles d’accueil, elles-mêmes vivant dans une des vulnérabilités les plus sévères du pays. Pour une meilleure protection des demandeurs d'asile, le gouvernement a identifié la localité de Betoko comme site de leur relocalisation, et son aménagement est en cours en partenariat avec les partenaires humanitaires.

Une crise de protection

Depuis la fin 2022, des incursions de ce groupe armé, sur fonds de tensions intercommunautaires notamment liées à la transhumance, ont fragilisé la protection des populations de cette région. Plusieurs civils ont été tués, entre autres pour appartenance à l’une ou l’autre communauté proche de l’une ou l’autre des parties au conflit. Les échanges commerciaux dans cette région frontalière sont perturbées par l’insécurité résultant des différentes incursions armées et le prélèvement des taxes additionnelles, faisant flamber le prix des certaines denrées alimentaires et non alimentaires jusqu’à 50% de leur prix habituel. L’insécurité alimentaire dans la région fait partie des plus critiques du pays et l’accès aux champs pour les demandeurs d’asile et les résidents demeure fortement limité. A la mi-mai, la RCA et le Tchad ont lancé des opérations militaires conjointes en vue de protéger les civils de part et d’autre de la frontière. Le 9 juin, une délégation de haut niveau composée du Premier Ministre et des hauts fonctionnaires des Nations Unies et des Organisations non gouvernementales (ONG) s’est rendue à Bedaka dans la Sous-préfecture de Paoua pour se rendre compte de l’ampleur de la situation.

Les besoins humanitaires explosent

Ce mouvement de population intervient dans une région où les besoins humanitaires étaient déjà parmi les plus sévères du pays, et les ressources pour faire face à des besoins supplémentaires deviennent de plus en plus limitées. Entre 2022 et 2023, les besoins humanitaires dans la Lim-Pendé ont augmenté de 34%, faisant d’elle la préfecture avec le plus grand nombre de personnes ayant besoin d’assistance en 2023. Selon l’Aperçu des besoins humanitaires, 464 000 personnes avaient déjà besoin d’assistance humanitaire et de protection dans la Lim-Pendé, et l’arrivée des demandeurs d’asile augmente encore la charge. La pression sur les infrastructures existantes et services de base dans les localités d’accueil a également augmenté. Selon les autorités locales, certains villages ont vu le nombre d’habitants presque décupler. Ainsi, l’accès à l’eau, l’hygiène et l’assainissement (EHA), ainsi que la santé devient problématique. Dans la localité de Bembere, Sous-Préfecture de Paoua, la distance minimum pour parvenir au centre de santé le plus proche atteint les 7 km. Face à cette situation qui peut être à la base de tensions entre les communautés d’accueil et les demandeurs d’asile, le renforcement des mécanismes de prévention et de gestion de conflits intercommunautaires est nécessaire pour la mise en œuvre des programmes d’aide d’urgence.

Déploiement de la réponse

Depuis juin, la communauté humanitaire apporte une assistance multisectorielle dans la Sous-préfecture de Paoua, mais également dans celle de Markounda, régions d’accueil des demandeurs d’asile. Cette réponse couvre également les familles qui les hébergent. Les humanitaires ont distribué entre juin et septembre des rations alimentaires à environ 29 200 demandeurs d’asile et membres des familles hôtes. Ces rations alimentaires couvraient 30 jours d’alimentation. Des besoins demeurent également non couverts dans la distribution des semences pour offrir aux familles des demandeurs d’asile des alternatives pour leur alimentation. 840 familles de Bedaka et environsont reçu des biens non-alimentaires comprenant notamment des bâches, savons, purifiants d’eau, seaux, serviettes hygiéniques, vêtements et chaussures. Certaines de ces familles ont également reçu des abris d’urgence. Des besoins demeurent non couverts dans ces deux secteurs pour plusieurs centaines de familles de demandeurs d’asile et leurs familles d’accueil.

En réponse aux besoins liés à l’accès à l’eau potable et assainissement à Bedaka, les acteurs humanitaires ont réhabilité 16 forages, distribué des purifiants d’eau, des kits d’hygiène et sensibilisé la population sur les bonnes pratiques d’hygiène et assainissement. Des ouvrages d’eau dans six autres localités nécessitent une réhabilitation, mais face à l’ampleur des besoins, la construction de nouvelles infrastructures est envisagée. Les partenaires humanitaires ont également remis aux centres de santé de Begouladje, Bedaya, Bedam, Betoko et Markounda des médicaments et du matériel médical pour la prise en charge gratuite des demandeurs d'asile, y compris pour la malnutrition. Cet appui a entre autres permis, notamment à travers des cliniques mobiles, de vacciner les enfants de moins de cinq ans dans cette région où ils n’étaient pas vaccinés dans 40% de ménages. Il a également permis de contenir les pics des cas de paludisme caractéristiques de la saison des pluies (avril-octobre), à travers la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide.

Des besoins demeurent non couverts dans le domaine de l’éducation d’urgence suite au fait que six écoles sont non fonctionnelles, et celles qui le sont affichent des faibles capacités d’accueil. Les enfants demandeurs d’asile ont perdu au moins trois mois de cours pendant leur fuite. 5 000 enfants ont besoin de réintégration scolaire.

Pour répondre aux cas de violences basées sur le genre notamment les viols, les acteurs humanitaires sensibilisent les demandeurs d’asiles et communautés d’accueil à la prévention, appuient le référencement des survivantes vers les structures de prise en charge et distribuent des kits de dignité. La plupart de demandeurs d’asile, y compris les enfants, n’ont pas de documentation civile et les acteurs humanitaires planifient d’apporter l’appui nécessaire. La mise en place mise des mécanismes de protection à base communautaire fait également partie des besoins à couvrir dans le domaine de la protection.

Au total, c'est désormais 367,7 millions de dollars que la communauté humanitaire devra mobiliser en 2024 pour répondre aux besoins les plus urgents de 1,9 millions de centrafricains, parmi les plus vulnérables, dans un contexte global de baisse des financements humanitaires. Les capacités d'absorption des besoins supplémentaires sont très limitées

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Rapport de situation
Réponse d'urgence
Originaire de Nyala, Mahamat Ahmat Hassan Abdulahman (à droite) est aujourd'hui installé sur le site de demandeurs d'asile Korsi, à Birao. Il a dû fuir avec ses cinq enfants et sa femme, après avoir perdu tous ses biens, dont son commerce qui a brûlé lors des violences au Soudan. ©UNHCR/Josselin Brémaud, Préfecture de la Vakaga, République centrafricaine.
Originaire de Nyala, Mahamat Ahmat Hassan Abdulahman (à droite) est aujourd'hui installé sur le site de demandeurs d'asile Korsi, à Birao. Il a dû fuir avec ses cinq enfants et sa femme, après avoir perdu tous ses biens, dont son commerce qui a brûlé lors des violences au Soudan. ©UNHCR/Josselin Brémaud, Préfecture de la Vakaga, République centrafricaine.

L'impact de la crise au Soudan en République centrafricaine

Au Soudan voisin, les affrontements entre les forces armées soudanaises (SAF) et les forces de soutien rapide (RSF) se poursuivent depuis le début du conflit en avril 2023, entraînant des déplacements massifs de population. Après onze mois de combats brutaux, une crise alimentaire aiguë sévit au Soudan, avec certaines régions risquant de connaître des niveaux catastrophiques d'insécurité alimentaire d'ici la période de soudure en mai. En août 2023, le gouvernement centrafricain avait reconnu les Soudanais fuyant le conflit comme des réfugiés prima facie.

Au 17 mars 2024, la RCA a accueilli 29 444 personnes déplacées de force depuis avril 2023, dont 23 286 réfugiés soudanais et 6 158 rapatriés centrafricains. Parmi eux, 14 858 (5 181 familles) vivent dans 13 localités,dont la plupart se trouvent dans la préfecture de la Vakaga, y compris Korsi. En mars 2024, les déplacements de population à travers la zone frontalière d'Am Dafock vers Birao à Korsi enregistrent une moyenne de 83 arrivées par jour, une moyenne qui fluctue en fonction de la présence des forces de soutien rapide (RSF) dans la région frontalière. La population vivant à Korsi a augmenté de 256% par rapport au 31 décembre 2023, date à laquelle 2 866 personnes (1 484 ménages) y vivaient.

Conséquences économiques

En raison de l'insécurité qui règne le long de la frontière, le trafic entre le Soudan et la République centrafricaine (RCA) a été fortement perturbé, ce qui a entraîné une forte augmentation du prix des produits de première nécessité. Le Soudan approvisionne plusieurs villes de la RCA, particulièrement Birao dans la Préfecture de la Vakaga et Ndélé dans la Préfecture de Bamingui-Bangoran. Pendant la saison des pluies qui dure d'avril à octobre, l'accès est très difficile et l'approvisionnement dépend largement du Soudan. Pour certains produits, les prix ont doublé́ dès le début de la crise. Un sac de sucre de 50 kg, qui se vendait 40 000 francs CFA avant le conflit est passé à 80 000 francs CFA à Birao. De même, un petit bol de millet, auparavant vendu à 500 francs CFA est passé à 1 000 francs CFA. Par après, l'intervention de la communauté humanitaire a permis d'établir une certaine stabilité des prix en approvisionnant plusieurs tonnes de certains produits de Bangui à Birao. La région nord de la RCA connaissait déjà une insécurité alimentaire aiguë, une situation qui pourrait atteindre l'un de ses stades les plus graves si une réponse adéquate n'est pas apportée.

Faire face aux besoins supplémentaires

En 2024, 913 000 personnes seront particulièrement vulnérables que seule l’assistance humanitaire ne suffira pour leur bien-être dans la région nord du pays, regroupant les préfectures de la Vakaga, de Bamingui-Bangoran, de l’Ouham, de l’Ouham-Pende et de la Nana-Gribizi. Elles étaient plus d’un million (1 093 000) en 2023. Cette baisse s’explique notamment par la diminution du nombre de chocs auxquels les populations font face comme les affrontements entre parties au conflit, et les mouvements de population qu’ils entraînent. Bien qu’en diminution, les attaques contre les civils persistent, obligeant la population à chercher refuge ailleurs. Les conflits au Soudan et au Tchad voisins ont également impacté la vulnérabilité des populations, augmentant l’ampleur des besoins dans les régions nord-est et nord-ouest.

Réponse humanitaire

En 2023, la communauté humanitaire a acheminé vers Birao dans le nord un fret aérien d'assistance multisectorielle d'urgence, dans le cadre du plan de pré-positionnement des stocks mis en œuvre chaque année dans le nord de la RCA où l'accès est extrêmement limité pendant la saison des pluies qui court d'avril à novembre. Au mois de juin 2023, le HCR a relocalisé les réfugiés et les rapatriés spontanés de Am-Dafock vers Birao, une zone plus sécurisée identifiée par les autorités loin de la frontière avec le Soudan. 2 286 personnes ont été relocalisées sur le site Korsi à Birao, et les autorités ont mis à disposition 300 hectares de terres arables pour faciliter l'intégration des réfugiés. La relocalisation assistée a toutefois été suspendue, la route entre Am-Dafock et Birao devenant impraticable pendant la saison des pluies, mais des mouvements de relocalisation spontanés ont été enregistrés.

La réponse humanitaire s’est poursuivie sur le site Korsi à Birao, Ndele et Sam-Ouandja. Progressivement, les ONG, agences des Nations Unies et autres organisations internationales distribuaient des vivres, des articles ménagers essentiels, fournissaient de l'eau potable, construisaient des abris d'urgence et des latrines, dispensaient des soins de santé, en éducation et en protection.

Selon le Plan régional de réponse aux réfugiés (PRR) du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), en 2024, 46.2 millions de dollars américains seront nécessaires pour répondre aux besoins de 40 000 réfugiés, 3 300 retournés, et de 28 000 membres appartenant aux communautés d’accueil. Cette année, la réponse évolue vers le renforcement des interventions existantes et la satisfaction des besoins changeants de la population croissante. Dans sa première phase, les partenaires continueront de collaborer avec le gouvernement pour assurer l'accès au territoire et à l'asile, et en fournissant un soutien aux personnes nécessitant une protection internationale. Le principe de "ne pas causer de tort" sera au cœur de la réponse.

Dans sa deuxième phase, l'accent sera mis sur la poursuite des activités de relocalisation des réfugiés des zones frontalières insécurisées dans la zone de Korsi. Lorsque cela est possible, une assistance monétaire sera fournie, afin d'améliorer la capacité à satisfaire les besoins fondamentaux et de réduire la probabilité que les individus et les ménages aient recours à des stratégies d'adaptation nuisibles. Les centres d'écoute resteront opérationnels pour traiter la prévention de la violence basée sur le genre, tout comme la fourniture de kits Prophylaxie Post-Exposition au VIH (PEP), la formation des travailleurs de première ligne et des membres de la communauté. La distribution de nourriture, d'eau potable, d'abris d'urgence, de services de santé et d'articles de secours essentiels tels que des moustiquaires et des kits d'hygiène sera assurée aux points d'entrée.

Dans sa troisième phase, les partenaires orienteront également leur réponse vers la construction de la résilience, des moyens de subsistance et de l'inclusion économique. Cela inclura le soutien aux organisations locales avec des intrants agricoles et des outils nécessaires ; le renforcement des compétences existantes en tirant parti des ressources locales tout en établissant des liens avec les entreprises existantes pour créer des opportunités économiques.

Les financements humanitaires en baisse

En 2024, 2,8 millions de personnes, soit 46% de la population, seront extrêmement vulnérables en République centrafricaine que seule l’assistance humanitaire ne suffira pas pour leur bien-être.

Au total, c'est désormais 367,7 millions de dollars que la communauté humanitaire devra mobiliser en 2024 pour répondre aux besoins les plus urgents de 1,9 millions de centrafricains, parmi les plus vulnérables, dans un contexte global de baisse des financements humanitaires. Les capacités d'absorption des besoins supplémentaires sont très limitées.

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Le village intégré de Pladama Ouaka.©OCHA/A. Cadonau, Pladama Ouaka, Préfecture de la Ouaka, RCA, 2022.
Le village intégré de Pladama Ouaka.©OCHA/A. Cadonau, Pladama Ouaka, Préfecture de la Ouaka, RCA, 2022.

Une nouvelle vie au retour d’un déplacement

La République centrafricaine (RCA) est ravagée par des conflits et la violence depuis des décennies. Une grande partie des 6,1 millions de centrafricains ont été traumatisés par le déplacement, souvent à plusieurs reprises. Un centrafricain sur cinq est soit déplacé à l’intérieur du pays ou réfugié principalement dans les pays voisins. Malgré la crise actuelle, les acteurs humanitaires et de développement travaillent main dans la main avec le gouvernement pour permettre aux personnes déplacées à l'intérieur du pays (PDI) et aux réfugiés en RCA de reprendre une vie normale, lorsque les circonstances le permettent.

Les solutions durables aux déplacements est le terme clé. Cela signifie quitter les sites de déplacement ou s’intégrer dans la communauté locale et mettre fin à la dépendance à l'aide humanitaire. Une solution durable, lorsqu'elle est atteinte, signifie que les gens n'ont plus besoin d'assistance et de protection spécifiques liées à leur déplacement. Les solutions durables comprennent le retour volontaire dans son foyer ou lieu de résidence, la réinstallation dans une autre partie du pays ou l'intégration dans la communauté d'accueil. Les PDI et les réfugiés ont souvent besoin de soutien dans leurs efforts pour progressivement retrouver une vie plus ou moins « normale ». Si les acteurs humanitaires font des efforts pour répondre aux besoins urgents et immédiats des PDI et des réfugiés, l'engagement des partenaires des secteurs du développement, de la paix et de la sécurité est nécessaire pour mettre en œuvre des solutions durables dans un contexte du triple Nexus Humanitaire-Développement-Paix.

Le village intégré

À Pladama Ouaka, une municipalité rurale située à environ 10 km de Bambari, dans la Préfecture de la Ouaka, les anciennes PDI reprennent une nouvelle vie depuis 2022. En une année, près de 500 familles ont déménagé à Pladama Ouaka avec le soutien des agences humanitaires, de développement et des autorités locales. Ces familles ont chacune bénéficié de 300 m2 de terrain sur lesquels ont été construites des maisons en briques et des latrines pour leur installation. Des infrastructures sociocommunautaires comme des salles de classe, un marché, des forages pour l’eau potable et des parcelles de terres pour l’agriculture ont également été mis à leur disposition.

Ces familles avaient fui les violences dans différentes régions du pays et avaient vécu dans un site à Bambari pendant des années jusqu'à ce qu'il soit incendié en mai 2021, et que les PDI soient obligées de quitter le site. De nouveau déplacées, elles se sont installées dans la mosquée, d'où elles ont de nouveau été expulsées, et dans différents quartiers de Bambari, où elles vivaient dans des conditions très difficiles et étaient également exposées à des risques de protection et à des épidémies. Dans ce contexte difficile, il fallait trouver une solution durable à leur situation.

Les autorités locales avaient identifié Pladama Ouaka, une communauté de 50 000 personnes, comme le lieu favorable pour une réinstallation volontaire et elles avaient alloué 124 hectares de terre pour accueillir ces populations. Environ 1 000 familles avaient accepté presque immédiatement de s'y installer. Dans un premier temps, environ 500 familles avaient été soutenues dans leur réinstallation par différentes agences des Nations Unies, notamment le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), le Programme alimentaire mondial (PAM), l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), différentes ONG dont ACTED, AID, APADE, HOPIN, Humanité et Inclusion (HI), Intersos, International Medical Corps (IMC), Médecins Sans Frontières (MSF), Tearfund, Triangle, World Vision et les autorités locales.

La route de 10 km partant de Bambari avait été réhabilitée pour faciliter l'accès et renforcer la sécurité grâce à des patrouilles de police et quatre nouveaux quartiers avaient été délimités à Pladama Ouaka. Après une phase initiale, où les gens s’étaient installés dans des abris de transition, les maisons en briques avec une toiture en paille avaient été construites, une pour chaque famille avec une toilette par ménage.

"Je suis tellement heureux d'avoir une maison car un homme sans maison est considéré comme un moins que rien dans la communauté", déclare Ibrahim Hassan, qui était déplacé depuis 10 ans après avoir fui Kouango en 2012, et qui fait partie des premières familles qui avaient emménagé dans les nouvelles maisons en briques de Pladama Ouaka. "Cette maison et le grand lopin de terre me rendent la dignité que j'avais avant le conflit. Ils me donnent la force de me lever chaque matin, d'apporter de la nourriture à ma famille et de vaquer à mes occupations. L'avenir de mes enfants sera rempli de joie et non de douleur, ce qui me rend très heureux", déclare ce père de sept enfants.

Un hangar supplémentaire avait été construit au centre de santé local et un bâtiment scolaire réhabilité. Des fournitures scolaires et du matériel didactique avaient été distribués aux enseignants et aux élèves, et des bancs et des tables fournis pour équiper l'école. Trois forages avaient été réalisés dans le village intégré et fournissent à ce jour de l’eau potable à ses habitants et aux communautés environnantes. 20 panneaux solaires viennent d’être installés pour l’éclairage dans le village et seront couplés aux forages pour faciliter le fonctionnement. Les structures de gestion communautaire sont également renforcées pour résoudre les conflits et favoriser la cohésion sociale. Les autorités locales avaient alloué des terres agricoles aux nouveaux habitants afin de soutenir leurs moyens de subsistance. Les partenaires de la sécurité alimentaire avaient distribué des kits de jardinage pour les aider à cultiver des légumes.

Dans le souci d’une réinstallation durable de ces populations et pour la consolidation des acquis, 14 associations villageoises d’épargne et de crédit (AVEC) ont été formées et sont fonctionnelles depuis avril cette année. A cela, va s’ajouter la mise en place des activités génératrices de revenus pour 300 ménages. Ce programme va permettre à ces populations de trouver de nouveaux moyens de subsistance par le biais de l’auto-emploi, afin de créer des sources de revenu rentables et durables qui vont renforcer la capacité de résilience mais également d’autofinancement de projets de ces populations.

Réinstaller une ville entière

En mai 2022, un projet similaire de solutions durables avait été lancé à Bria, dans la Préfecture de la Haute-Kotto, où se trouve le plus grand site de PDI du pays. 33 000 PDI vivent dans un site situé à 3 km de la ville (PK3), dans une commune qui compte 75 000 habitants. Beaucoup d'entre elles avaient fui la violence et l'insécurité du centre de Bria pour se rendre sur le site en 2017 et 2018. Depuis 2021, la situation sécuritaire à Bria ne cesse de s'améliorer et les autorités étatiques, notamment la police, les forces armées et la justice sont revenues. Aujourd'hui, les autorités préfectorales soutiennent le retour volontaire des 150 premières familles, environ 900 personnes dans deux quartiers de Bria, avec l’appui des partenaires humanitaires et de développement. Ces derniers fournissent des matériaux de construction pour reconstruire les maisons en ruines. Un appui en cash et en matériels, y compris des presses à briques, permettent de faciliter la production afin de permettre aux candidats au retour de pouvoir fabriquer leurs propres briques, construire des abris semi-durables et leurs maisons. En 2022, l'ONG OXFAM avait réalisé 10 forages d’eau dont bénéficient désormais les nouveaux retournés. Depuis le démarrage du projet pilote, le nombre des PDI vivant sur le site PK3 continue de diminuer passant d’environ 37 000 au début du programme en mai 2022 à 32 100 en février 2023. Ce sont près de 6 000 PDI qui ont volontairement quitté les sites suite à l’amélioration de la situation sécuritaire dans les zones d’origine.

Bien qu'il reste encore beaucoup de travail à faire afin de trouver des solutions durables pour les 32 100 PDI qui vivent encore sur le site PK3, il y a désormais un sentiment d'espoir pour une vie plus normale en dehors du site de PDI.

Des ressources supplémentaires requises

Grâce à un financement alloué par le Fonds Humanitaire pour la RCA, Oxfam, OIM, HCR ainsi que des nouveaux partenaires comme l’ONG DCA continueront leurs efforts afin de favoriser des solutions durables pour près de 6 000 familles retournées qui attendent d’être réinstallées à Bria, Bambari et Kaga- Bandoro.

L’assistance fournie par les acteurs humanitaires ne constitue que la première étape de l’appui au retour dont le plein accomplissement nécessite des interventions d’une nature différente. Cela peut être atteint notamment avec l’implication des acteurs de développement et du gouvernement, et nécessite des fonds supplémentaires pour une durée spécifique.

Une crise majeure de déplacement

La crise en RCA reste une crise majeure de déplacement. Une personne sur cinq est déplacée. 490 066 personnes sont déplacées à l'intérieur du pays et 743 000 réfugiés centrafricains vivent dans les pays voisins, principalement au Cameroun et en RD Congo. De nouveaux déplacements sont enregistrés chaque mois et demeurent toujours supérieurs aux mouvements de retour. Les déplacements se poursuivent car le conflit n'est pas terminé. Toutefois, cela ne fait pas obstacle aux programmes de solutions durables, car la situation s'est relativement stabilisée dans certaines régions du pays, à condition que les PDI décident librement de retourner dans leurs milieux d’origine.

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Rapport de situation
Article principal
Victorine et Christel à l’Hôpital de Bocaranga. ©OCHA/V. Edgar Ngarbaroum, Préfecture de l’Ouham-Pendé, République centrafricaine, 2022
Victorine et Christel à l’Hôpital de Bocaranga. ©OCHA/V. Edgar Ngarbaroum, Préfecture de l’Ouham-Pendé, République centrafricaine, 2022

Répondre aux urgences sanitaires

Ce mercredi après-midi dans la salle de l’Hôpital de Bocaranga, ville située dans la Préfecture de l’Ouham-Pendé à l’ouest du pays, on aperçoit aux chevets de leurs enfants des mères avec des visages sur lesquels l’on peut lire une inquiétude. Sur les lits sont allongés sept enfants sous perfusion, ayant visiblement perdu beaucoup de poids et trop faibles pour se mouvoir. Six d’entre eux souffrent de paludisme, une maladie potentiellement mortelle causée par les piqûres de moustiques anophèles femelles infectés, lorsqu’elle n’est pas détectée ou soignée à temps. En 2021, 619 000 personnes sont décédées de paludisme dans le monde selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’Afrique subsaharienne était la plus affectée avec 96% des décès, dont 80% concernaient les enfants de moins de cinq ans.

Un défi important en matière de santé publique

En République centrafricaine (RCA), le taux de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans est le cinquième plus élevé au monde (113 enfants sur 1 000) selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF). Le paludisme est la première cause de décès chez les enfants de moins de cinq ans et une préoccupation de santé publique majeure particulièrement pendant la saison des pluies (avril à septembre) où le nombre des cas connaît une forte augmentation. « En 2022, nous avons reçu 1 070 enfants malades et plus de 60% souffraient de paludisme. Les cas sont récurrents et constituent la principale pathologie diagnostiquée dans la région », explique Osias Yandi, médecin-chef de l’Hôpital de Bocaranga.

Le système sanitaire de la RCA déjà fragile, a subi de nombreux chocs au cours des dernières années notamment la résurgence des violences armées, des défis structurels et l’impact de la COVID-19. Avec près de 120 000 habitants, la Sous-Préfecture de Bocaranga dispose de l’un des rares hôpitaux de la Préfecture et manque quasiment de tout, l’eau courante et l’électricité n’y sont pas disponibles.

Parmi les patients du jour, Christel, un petit garçon de cinq ans accompagné par sa mère Victorine qui ne le quitte pas des yeux. « Christel était très malade. Je l’ai emmené ici pour une consultation il y a trois jours. Le médecin a diagnostiqué un paludisme et depuis, nous sommes ici pour le traitement », explique-t-elle.

Un problème complexe

Malgré sa richesse en ressources naturelles, la RCA figure parmi les pays les plus pauvres et les plus fragiles du monde suite notamment à des décennies de conflits et des défis structurels, avec 70 % de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté. Dans ce contexte, l’accès aux services de base notamment la santé et l’eau potable demeure un défi majeur pour la population, particulièrement dans les zones rurales. « Je n’ai pas un travail fixe et me débrouille parfois avec le petit commerce. C’est pour cela que j’avais commencé à traiter la maladie de mon fils avec des plantes traditionnelles que j’ai pu trouver, car je n’ai pas d’argent, jusqu’à ce que ma voisine me parle de la gratuité des soins dans cet hôpital », explique Victorine.

En plus du paludisme, Christel souffre de drépanocytose, une maladiegénétique qui nécessite un traitement et un suivi médical particulier. Grâce à l’appui des organisations humanitaires, Christel a pu bénéficier d’un traitement médical gratuit et sa mère des conseils afin de prévenir le paludisme, notamment l’utilisation correcte de la moustiquaire imprégnée et la désinsectisation du domicile. « Depuis hier, il commence à aller mieux. Le médecin dit que son état continue de s’améliorer et nous allons pouvoir quitter l’hôpital dans quelques jours si tout va bien », conclut Victorine.

Des vies à sauver

Face aux nombreux défis, les partenaires humanitaires se mobilisent, notamment avec l’appui du Fond humanitaire en RCA. L’ONG Médecins avec l’Afrique (CUAMM) qui bénéficie de ce mécanisme de financement avait lancé le projet de réponse aux urgences sanitaires dans la préfecture de l’Ouham-Pendé en janvier 2022. Au 31 décembre 2022, plus de 1 000 enfants avaient reçu des soins de santé permettant de baisser le taux de mortalité lié au paludisme chez les enfants de Bocaranga de 14 à 3%. 1 030 cas d’urgences gynéco-obstétricales et chirurgicales ont été pris en charge et 72 survivantes de violences basées sur le genre (VBG) ont bénéficié de soins de santé gratuits. Le projet a également permis la formation de plus de 100 prestataires sur la prise en charge des urgences obstétricales, la prévention et le contrôle des infections. Différents appuis matériels ont également été fournis, notamment à travers des donations de médicaments ainsi que le paiement des frais de fonctionnement de l’hôpital.

Avec l’appui de l’OMS, la RCA a amorcé le processus pour introduire le vaccin contre le paludisme dans son programme national de vaccination. Dans ce cadre, l’agence des Nations Unies et d’autres partenaires ont appuyé le pays à développer et à soumettre sa demande à l’Alliance mondiale pour les vaccins et l’immunisation (GAVI), afin d’introduire ce nouveau vaccin. Au Ghana, Kenya et Malawi par exemple, l’introduction du vaccin a prouvé son efficacité dans l’élimination du paludisme comme problème de santé publique.

Besoin de plus de ressources

En 2022, grâce à la générosité des bailleurs de fonds, la communauté humanitaire a fourni des soins de santé de qualité à près de 660 000 personnes vulnérables, soit 60% de la cible. C’est notamment des consultations curatives réalisées, des accouchements assistés par un personnel qualifié dans les zones affectées par un choc humanitaire, et des survivantes de viols traitées dans les 72 heures, ainsi que la vaccination des enfants de 0 à 11 mois.

Pour l’année en cours , elle vise près d’un million de personnes mais devra pour y parvenir mobiliser 38,5 millions de dollars américains. A ce jour, seuls 30% de ce fonds ont été reçus. 2,8 millions de personnes ont besoin d’assistance humanitaire en santé, secteur avec le plus grand nombre de personnes affectées, aux côtés de la sécurité alimentaire, l’eau potable et la protection. Parmi elles, des familles affectées par le déplacement, des enfants de moins de cinq ans et des survivants des VBG.

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Rapport de situation
Contexte
Hawa et Kadidia en train de vendre des biscuits locaux devant leur maison à Bangassou, Préfecture du Mbomou. ©OCHA/ V. Edgar Ngarbaroum
Hawa et Kadidia en train de vendre des biscuits locaux devant leur maison à Bangassou, Préfecture du Mbomou. ©OCHA/ V. Edgar Ngarbaroum

Une générosité sans limite

Même si cet après-midi de vendredi rythmé par des enfants jouant dans la rue, les vendeurs ambulants et les klaxons de moto-taxis à la recherche de passagers semble tout à fait banal pour de nombreux habitants de Bangassou, elle ne l’est pas pour Hawa Abakar. Du haut de ses 36 ans, elle arbore une silhouette svelte et un regard pensif, sans doute se questionnant sur quand prendra fin son périple dans cette ville où elle s’est réfugiée craignant pour sa vie.

Hawa et sa famille ont dû quitter leur maison à Zémio située à 250 km de Bangassou dans le sud-est du pays, suite à une attaque de la ville par des groupes armés il y a près d’un an pour se réfugier à Bangassou dans la préfecture du Mbomou.

« Afin d’augmenter nos chances de survie, nous nous sommes séparés mon mari et moi, chacun allant dans la direction opposée avec deux de nos enfants puisque nous en avons quatre. Mon époux est parti vers la frontière avec la République Démocratique du Congo et je suis venue à Bangassou. Ce fut la période la plus douloureuse de ma vie, car je ne savais pas si mon époux et nos deux enfants partis avec lui avaient survécu » confie-t-elle. La violence envers les civils pousse chaque année des milliers de Centrafricains craignant pour leur vie à se déplacer pour survivre au conflit qui continue de dévaster le pays, particulièrement les localités rurales. Un Centrafricain sur cinq est actuellement soit déplacé à l’intérieur du pays, soit réfugié dans les pays voisins.

En 2022, près de trois-quarts des personnes déplacées internes (PDI) vivaient dans des familles d’accueil. Ce fut le cas pour Hawa qui à son arrivée a été accueillie à Bangassou par Kadidia, une ancienne PDI rencontrée dans la mosquée de la ville. « Kadidia est devenue notre famille. Elle m’a accueillie avec mes enfants et partage le peu qu’elle a avec nous. Nous sommes nourris et logés », explique Hawa.

Une solidarité cruciale

Dès leur arrivée dans la ville hôte, les PDI font face à de nombreux besoins notamment en abris, nourriture et eau, hygiène et assainissement. Très souvent, les communautés hôtes apportent une première assistance vitale avant qu’une évaluation des besoins ne soit menée et une réponse adaptée fournie par les acteurs humanitaires. Cela multiplie parfois les vulnérabilités, les ressources de la famille d’accueil étant sous pression face au nombre désormais élevé de personnes dans le foyer.

Grâce à leur détermination après avoir passé trois mois ensemble, les deux femmes ont réussi à entrer en contact avec l’époux de Hawa et leurs deux autres enfants qui avaient réussi à se réfugier en République Démocratique du Congo.« J’ai été une déplacée interne de 2017 à 2020 suite à la prise de notre ville par des groupes armés. Je sais ce que ça fait de perdre des proches, sa maison et de vivre dans la peur. Grâce à Dieu, j’avais bénéficié de l’aide humanitaire. C’est désormais mon devoir d’aider d’autres personnes qui vivent une situation similaire », explique Kadidia.

Hawa n'a pas bénéficié seulement d'un toit ou de vivres que Kadidia a généreusement partagé avec elle et ses deux enfants. "Kadidia m'a appris à faire des biscuits et une fois que le calme revient à Zémio chez moi, cela me permettra de m'en sortir financièrement et prendre soin de mes enfants", explique Hawa.

Kadidia avait appris à faire ces biscuits dans le cadre d'un programme d'appui au retour des déplacés développé par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) en 2021. Ces organisations avaient également construit des maisons pour les anciens réfugiés et PDI souhaitant se réinstaller à Bangassou après que le calme soit revenu dans la ville.

Une réponse humanitaire coordonnée et inclusive

Afin de répondre aux besoins des PDI et soutenir les familles hôtes qui voient leurs ressources diminuer avec la présence de personnes supplémentaires dans leurs foyers, la réponse humanitaire prend en compte également les besoins des communautés hôtes.

A ce jour, les acteurs humanitaires en partenariat avec les acteurs de développement ont appuyé le retour de plus de 14 000 personnes dans la préfecture du Mbomou, particulièrement les villes de Rafai et Bakouma. C'est notamment à travers des activités comme la construction des maisons, des forages d’eau, des formations sur les activités génératrices de revenus et l’appui aux moyens de subsistance.

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Rapport de situation
Réponse d'urgence
Un membre du personnel de l'ONG Médecins d’Afrique anime une session d'éducation sur la nutrition pour les mères d'enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère sur un site de personnes déplacées à Kaga-Bandoro. ©OCHA/A.Cadonau, Kaga-Bandoro, Préfecture de la Nana-Gribizi, RCA, 2022.
Un membre du personnel de l'ONG Médecins d’Afrique anime une session d'éducation sur la nutrition pour les mères d'enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère sur un site de personnes déplacées à Kaga-Bandoro. ©OCHA/A.Cadonau, Kaga-Bandoro, Préfecture de la Nana-Gribizi, RCA, 2022.

Les organisations humanitaires répondent aux taux élevés d'insécurité alimentaire et de malnutrition en République centrafricaine

Nous sommes un mardi matin, un groupe de femmes et de jeunes enfants se forme sous un abri bleu dans un site pour personnes déplacées internes (PDI) à Kaga-Bandoro. Tous les enfants ont quelque chose en commun : ils souffrent de malnutrition aiguë sévère et leurs mères les ont amenés pour le traitement hebdomadaire.

L'une de ces mères est Jonvienne, 20 ans. Elle est assise avec sa fille Richardine, âgée d'un an et demi, sur une natte de paille posée à même le sol. Une éruption cutanée recouvre le corps de la fille et des mouches l'encerclent. Elle marche à quatre pattes pendant que sa mère raconte comment elles sont venues sur le site de traitement de la malnutrition il y a quinze jours pour la première fois, après que des volontaires communautaires aient identifié Richardine comme souffrant de malnutrition et l'aient référée pour un traitement. « L'enfant était malade depuis un certain temps mais je ne savais pas ce qu'elle avait et je me suis beaucoup inquiétée », raconte la jeune femme. À un an et demi, Richardine est minuscule. Elle ne marche pas et n'a jamais essayé de se mettre debout. Ses muscles sont trop faibles. Depuis sa naissance, elle ne boit que du lait maternel. « Et maintenant, le lait est devenu rare », explique Jonvienne, qui vit sur le site des PDI depuis 10 ans. « Je ne pense pas que je mange suffisamment pour produire du lait maternel ».

Des besoins importants

L’insécurité alimentaire et la malnutrition ont atteints un niveau alarmant en République centrafricaine (RCA). L'accès à la nourriture et la disponibilité d'un large éventail d'aliments apportant les nutriments nécessaires au bien-être physique sont fortement limités par des décennies de conflit, le manque de services sociaux de base, tels que les soins de santé, l'eau, l'assainissement et l'hygiène, et exacerbés par la pauvreté. Près des trois quarts des Centrafricains vivent sous le seuil de pauvreté.

L'insécurité alimentaire

Les derniers résultats du Cadre intégré de classification des phases de la sécurité alimentaire (IPC) montrent que 2,7 millions de personnes, soit près de la moitié de la population de la RCA, sont en situation d'insécurité alimentaire aiguë. Parmi elles, 642 000 personnes se trouvent dans la phase d'urgence (phase 4 de l'IPC), à un pas de la famine. Ces 2,7millions de personnes ont besoin d'une aide alimentaire immédiate, ainsi que d'un appui aux moyens de subsistance. Les 72 sous-préfectures du pays sont toutes classées en insécurité alimentaire aiguë, sans exception. Selon le nouvel Aperçu des besoins humanitaires en RCA, la sécurité alimentaire est le secteur qui comptera le plus grand nombre de personnes ayant besoin d'une aide humanitaire en 2023, suivie de l'eau, de l'assainissement et de l'hygiène (EHA).

En l'absence d'une aide alimentaire immédiate et durable, la situation devrait se détériorer pendant la période de soudure 2023 (avril à août). Les ménages épuiseront leurs stocks alimentaires avant la prochaine récolte et 3 millions de personnes (49% de la population) connaîtront probablement des niveaux d'insécurité alimentaire aiguë, dont 807 000 personnes en phase d'urgence (phase 4 de l’IPC).

Une longue liste de facteurs clés

Bien que l'intensité du conflit armé ait diminué en 2022, l'insécurité et la violence armée restent les principaux moteurs de l'insécurité alimentaire en RCA, limitant l'accès à la nourriture et aux moyens de subsistance, contribuant au déplacement forcé massif de personnes et à leur appauvrissement. 516 000 personnes étaient déplacées internes au 31 décembre 2022. Cet environnement dangereux limite également l'accès des organisations humanitaires aux personnes ayant besoin d'aide. En plus de l'insécurité, la détérioration des réseaux routiers limite davantage l'approvisionnement des marchés.

Les prix des denrées alimentaires et des produits de base locaux et importés ont connu une forte hausse notamment à cause de la guerre en Ukraine et une grave pénurie de carburant en RCA depuis début 2022. Les volumes des importations ont également diminué en raison des restrictions et des perturbations de la chaîne d'approvisionnement liées à la guerre en Ukraine, notamment pour le blé et l'huile végétale. Les prix du maïs (+46 %), du riz, des arachides (+29 %) et de l'huile de palme (+15 %) ont considérablement augmenté. Un regard sur les cinq dernières années est encore plus alarmant : les prix du riz et des arachides ont augmenté de près de la moitié, ceux du maïs, du manioc et des haricots d'environ un quart. La hausse des prix des denrées alimentaires a également entraîné une augmentation des budgets nécessaires à l'aide humanitaire. Les besoins financiers du Cluster Sécurité alimentaire ont augmenté de 19 % en 2022 et les acteurs impliqués dans la lutte contre la malnutrition aiguë ont dû faire face à une augmentation des coûts de 39 % ainsi que la perturbation de leur chaîne d'approvisionnement entraînant des retards dans la livraison de l'assistance.

Une autre raison importante de l'insécurité alimentaire est la persistance d'une faible production agricole locale due à de mauvaises pratiques agricoles, au manque de semences, d'outils agricoles et de produits phytosanitaires (tant la disponibilité sur les marchés locaux que les moyens financiers), à une capacité technique limitée pour répondre aux chocs environnementaux, tels que les inondations et dans une moindre mesure, les sécheresses, ainsi que l'absence de méthodes durables visant à produire davantage sans dégrader la fertilité des sols.

La malnutrition

La diversité alimentaire globale reste très faible et les gens adoptent de plus en plus des stratégies de survie négatives pour répondre aux besoins alimentaires. Ces stratégies consistent notamment à vendre du bétail, à entreprendre des activités dangereuses ou à vendre des biens familiaux tels que des maisons ou des terres. Quelque 6,6 % de Centrafricains souffrent de malnutrition aiguë, soit 400 000 personnes, selon la dernière analyse SMART de 2022. Les plus exposés sont les enfants de moins de 5 ans, les femmes enceintes et allaitantes et les personnes vivants avec le VIH/SIDA.

En RCA, une femme enceinte ou allaitante sur dix souffre de malnutrition aiguë et dans certaines régions, ce chiffre est encore plus élevé. Le nombre de personnes ayant besoin d'une assistance nutritionnelle curative ou préventive en 2023 a augmenté de 30 % par rapport à l'année précédente pour atteindre 1,5 million de personnes. Parmi elles, un million sont des garçons et des filles et un demi-million des femmes enceintes ou allaitantes, dans un pays où les taux de mortalité infantile et maternelle sont les cinquièmes les plus élevés au monde.

Interventions d'urgence pour sauver des vies

Sous l’abri bleu de Kaga-Bandoro, l'ONG Médecins d’Afrique, grâce à un financement du Fonds central pour les interventions d'urgence (CERF), mène une intervention d'urgence pour lutter contre la malnutrition aiguë sévère chez les enfants âgés de 6 à 59 mois. 1 369 enfants admis pour malnutrition aiguë sévère bénéficient du projet qui se déroule sur une période de six mois dans trois sites de PDI et dix formations sanitaires à Kaga-Bandoro. Ils reçoivent un traitement nutritionnel sous forme d'un aliment thérapeutique prêt à l'emploi appelé Plumpy'Nut®, associé à des antibiotiques, des comprimés antipaludéens, des vermifuges et de la vitamine A. Les équipes de Médecins d'Afrique suivent les enfants souffrant de malnutrition aiguë une fois par semaine. L'accès insuffisant à l'eau, à l'assainissement et à l'hygiène étant responsable d'environ 50 % de la malnutrition mondiale, ils reçoivent également des seaux et des récipients pour stocker l'eau, du savon, des purificateurs d'eau, ainsi que des serviettes hygiéniques et des sous-vêtements réutilisables pour les mères des enfants. Lors des séances d'éducation hebdomadaires, des sujets liés à la promotion d'une alimentation saine pour les bébés et les jeunes enfants sont abordés et les mères apprennent les meilleures pratiques d'allaitement, les différentes catégories de nutriments, les aliments adaptés à l'âge des jeunes enfants, la composition des repas en fonction des groupes alimentaires, l'importance de l'hygiène dans la préparation des aliments et bien d'autres sujets pour prévenir la malnutrition à l'avenir.

Dans un contexte où la proportion de personnes souffrant d'insécurité alimentaire aiguë est l'une des plus élevées au monde, 15 millions de dollars américains ont été alloués à des mesures de sauvetage contre l'insécurité alimentaire en RCA à partir du guichet de réponse rapide du CERF en 2022, négocié par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA). Ces fonds CERF aident les acteurs humanitaires à intensifier l'aide d'urgence globale pour 200 000 personnes dans 10 sous-préfectures où l'insécurité alimentaire est la plus grave. Une approche multisectorielle combinant l'assistance alimentaire, la nutrition, les soins de santé, l’EHA et la protection maximise l'impact des interventions de sécurité alimentaire et réduit l'utilisation par les populations de mécanismes d'adaptation négatifs associés à la pénurie alimentaire dans un contexte de privation extrême. Six organisations des Nations Unies et des ONG partenaires ont amplifié les distributions de nourriture, les transferts d'argent et ont appuyé les moyens de subsistance par la distribution d'outils agricoles et de semences grâce aux fonds CERF. En complément de ces interventions, le soutien nutritionnel a été intensifié pour traiter et prévenir la malnutrition infantile et permettre aux familles dont les enfants souffrent de malnutrition sévère d'accéder à l'eau potable, aux installations sanitaires de base et aux bonnes pratiques d'hygiène essentielles à la survie, comme le fait Médecins d’Afrique à Kaga-Bandoro.

Au cours des neuf premiers mois de 2022, les organisations humanitaires en RCA ont fourni une assistance alimentaire sous forme de rations alimentaires, d'outils agricoles, de semences et de bétail à 1,24 million de personnes et une assistance nutritionnelle, y compris une alimentation thérapeutique complémentaire et la sensibilisation des parents à l'alimentation des nourrissons et des enfants, à 361 000 personnes. Grâce à la générosité des donateurs, l'assistance en matière de sécurité alimentaire a été entièrement financée en 2022. Cependant il manque encore la moitié des 30 millions américains nécessaires pour l'assistance nutritionnelle curative et préventive en 2022.

Prévenir et guérir

Sous l'abri bleu du site de PDI à Kaga-Bandoro, une séance d'éducation sur la nutrition bat son plein avant que ne commence le traitement thérapeutique des enfants. Deux douzaines de femmes participent avec enthousiasme, partagent leurs expériences et leurs difficultés et posent des questions à l'employé de l'ONG Médecins d’Afrique qui dirige la séance dans la langue locale sango et montre régulièrement un grand livre aux illustrations colorées pour clarifier ses explications. Jonvienne, la jeune maman, apprend que le lait maternel ne suffit pas au développement de sa petite fille Richardine et que les enfants à partir de six mois ont besoin d'une alimentation complémentaire. Les femmes se tapent dans les mains, s'encouragent mutuellement et les rires fusent malgré la gravité du sujet et la situation de nombreux enfants dont Richardine.

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Rapport de situation
Analyse
Une survivante des violences basées sur le genre participe à un groupe de discussion à Zémio, Préfecture du Haut-Mbomou. ©OCHA/Virginie Bero
Des jeunes filles revenant d'un point d'eau à Alindao, Préfecture de la Basse-Kotto. ©OCHA/Virginie Bero

Les violences basées sur le genre : un fléau aux effets dévastateurs

Les violences basées sur le genre (VBG) ont récemment pris une ampleur inquiétante en République centrafricaine (RCA), notamment suite à la crise que traverse le pays depuis plusieurs années. Cette situation est également renforcée par des normes socioculturelles défavorables aux femmes et aux filles, et ce malgré l’existence de politiques et de textes normatifs en la matière. Les violences envers les civils et l’insécurité, en particulier dans les localités situées hors des centres urbains continuent à augmenter la vulnérabilité de plusieurs millions de personnes, notamment les femmes, qui voient leurs moyens de subsistance s’éroder, et leur accès à la nourriture et aux services de base notamment les soins de santé et l’eau drastiquement limité. Ainsi en 2023, 3,4 millions de personnes soit 56% de la population sont tellement vulnérables que seule l'assistance humanitaire ne suffit pas pour leur bien-être.

Une augmentation du phénomène

Si les déplacés et réfugiés sont souvent les faces les plus visibles de la crise en RCA, les VBG ont pris une ampleur inquiétante. Chaque heure qui passe en RCA, deux personnes subissent des VBG, notamment les violences sexuelles. Selon les statistiques du système de gestion de l’information sur les VBG (GBVIMS) collectées au niveau des services dédiés, pendant les quatre premiers mois de l'année 2023, 5 928 cas ont été enregistrés. 23 644 cas de VBG avaient été enregistrés en 2022, soit une augmentation de 104% par rapport au nombre de cas enregistrés en 2021. Le stress sans cesse croissant au sein des ménages suite à l’insécurité alimentaire qui frappe sévèrement le pays, ainsi que l’adoption des mécanismes de survie négatifs (mariage précoce des filles, sexe pour accéder à la nourriture) continuent d’entraîner une augmentation des VBG qui affectent majoritairement des milliers de femmes et filles. Parmi les 10 sous-préfectures ayant enregistré une augmentation de cas de VBG, cinq sont des sous-préfectures classifiées en phase 4 de l’insécurité alimentaire, à un pas de la situation catastrophique.

Survivre ou faire face au risque

C’est le difficile choix que nombreuses femmes doivent parfois faire en RCA, dans un contexte où l’accès aux moyens de subsistance comme les champs, ainsi qu’aux services de base comme l’eau et la santé est fortement restreint par l’insécurité résultant du conflit. Les évaluations des besoins humanitaires multisectoriels annuelles conduites en septembre dernier indiquent également qu’un peu plus de ¾ de ménages interviewés considèrent que les VBG, notamment les violences sexuelles et le mariage précoce constituent le principal risque pour la sécurité des femmes et des filles. C’est ce qui conduit les femmes et les filles à éviter certains chemins. Mais dans un pays où plus de deux habitants sur cinq ne mangent pas à leur faim, ne pas aller aux champs s’apparente à une question de vie ou de mort.

Une réponse à l’épreuve des ressources

En 2023, les partenaires œuvrant dans le domaine des VBG ont apporté une assistance psychosociale à 17 831 survivants, dont près de 80% ont reçu les soins de santé nécessaires. En moyenne cependant, seulement 41% des survivants ont bénéficié d’une assistance multisectorielle notamment l’hébergement dans un environnement protecteur, le soutien aux moyens de subsistance et l’assistance juridique. Sur les 602 points de services de soutien psychosocial et de gestion des cas de VBG requis pour répondre aux besoins des survivants dans le pays, seulement 18% sont disponibles et uniquement 26% des cas de viol signalés ont reçu les soins médicaux requis dans le délai de 72 heures. Pourtant, entre 2020 et 2023, le nombre de personnes en besoin d’assistance et de protection face aux VBG aura augmenté de 27%.

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Rapport de situation
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Photo VBG
Une survivante en train de tricoter des vêtements pour des nouveau-nés dans un centre d’écoute à Bangassou. ©OCHA/V. Edgar Ngarbaroum, Préfecture du Mbomou, République centrafricaine, 2022

Survivre aux violences basées sur le genre

Dans une maison de la ville de Bangassou qui semble tout à fait banale de l’extérieur, elles sont une vingtaine de filles et femmes réunies par la même tragédie dans la cour du Centre « Ma mbi si » qui signifie « Ecoutez-moi » en langue locale. Parmi elles des mineures, les plus jeunes ayant à peine 15 ans. Au rythme d’une chanson pour se donner du courage, elles dessinent des motifs, tricotent des couvertures, nappes ou vêtements.

Ces activités mises en œuvre par l’ONG COOPI ont pour seul objectif de fournir une aide psychosociale après les atrocités subies, car chacune de ces femmes est une survivante des violences basées sur le genre (VBG) dont des agressions physiques et des viols.

En République centrafricaine (RCA), les VBG dont les agressions physiques et psychologiques, les viols, les mariages précoces et les mutilations génitales féminines (MGF) sont renforcées par des normes socioculturelles défavorables aux femmes et aux filles, et ce malgré l’existence de politiques et de textes normatifs en la matière. La situation s’est exacerbée avec le conflit qui dure depuis plus d’une décennie.

« Je n’aurais jamais cru que cela m’arriverait. Je n’étais qu’un enfant. Pendant longtemps je dormais à peine. Chaque fois que je fermais les yeux je revivais ce moment » explique Pelvia, une fille de 18 ans, qui avait 16 ans quand elle fut victime d’agression sexuelle.

Un phénomène exacerbé par la crise

Chaque heure qui passe en RCA, deux personnes subissent des VBG, notamment les violences sexuelles. Selon les statistiques du système de gestion de l’information sur les VBG (GBVIMS), une initiative qui permet aux acteurs humanitaires de collecter, stocker, analyser et partager en toute sécurité les cas signalés par les survivants des VBG, pendant les quatre premiers mois de l'année 2023, 5 928 cas ont été enregistrés. 23 644 cas de VBG avaient été enregistrés en 2022, soit une augmentation de 104% par rapport au nombre de cas enregistrés en 2021. Ces statistiques qui n'incluent pas les cas pour lesquels les survivants n'ont pas consenti au partage des données.

« Un jour, il y a environ 2 ans, des hommes armés sont rentrés dans notre village à quelques kilomètres d’ici. Pendant qu’on essayait de fuir vers la brousse, un homme m’a saisi le bras puis m’a agressé sexuellement », confie Pelvia.

Les évaluations des besoins humanitaires multisectoriels annuelles conduites en septembre dernier indiquent également qu’un peu plus de ¾ de ménages interviewés considèrent que les VBG, notamment les violences sexuelles et le mariage précoce constituent le principal risque pour la sécurité des femmes et des filles. En outre, le stress sans cesse croissant au sein des ménages suite à l’insécurité alimentaire qui frappe sévèrement le pays, ainsi que l’adoption des mécanismes de survie négatifs (mariage précoce des filles, sexe pour accéder à la nourriture) continuent d’entraîner une augmentation des VBG qui affectent des milliers de femmes et filles. Parmi les 10 sous-préfectures ayant enregistré une augmentation de cas de VBG, cinq sont des sous-préfectures classifiées en phase 4 de l'insécurité alimentaire, à un pas de la situation catastrophique.

« Dans la région le nombre de cas ont quasiment doublé depuis le début de l’année. Les survivantes sont incomprises et parfois mêmes rejetées par la société, ce qui augmente encore leur niveau de vulnérabilité. D’autres cachent les brutalités subies pour ne pas devenir des parias de la société. C’est vraiment malheureux, c’est une double souffrance », ajoute Evangeline, une des agents psychosociaux du centre.

Surmonter ses souffrances

Les VBG particulièrement les agressions physiques et les violences sexuelles laissent des séquelles aux survivants. Afin de les aider à se reconstruire, le Centre « Ma mbi si » situé dans la ville de Bangassou apporte une réponse holistique prenant en compte les besoins phycologiques, physiques, juridiques et économiques des survivantes.En complément des services donnés dans le centre d’écoute, la linge verte 4006 permet un appui et un accompagnement psychosocial aux survivants à distance.

« Ici, je me sens mieux car j’ai des psychologues pour m’écouter. Passer du temps avec des femmes qui ont vécu des atrocités similaires m’aide à avancer car on se soutient lorsque le moral est bas. En plus, j’ai appris à tricoter. Avec les revenues de cette activité je peux subvenir à une partie de mes besoins alimentaires, médicaux quand j’en ai besoin et économiser pour l’année scolaire prochaine. »

Grace à un appui financier du Fonds central d'intervention d'urgence (CERF) au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) dont COOPI est le partenaire de mise en œuvre, le centre met à la disposition des survivants de VBG des kits de dignité (produits d’hygiène personnelle notamment), des agents psychosociaux et des juristes pour accompagner les survivantes dans le processus judiciaire. Depuis le début de l’année, COOPI a apporté un appui à près de 300 femmes de la ville de Bangassou et des environs. En plus de la ville de Bangassou, d’autres centres « Ma mbi si » ont été créés à Alindao, Zemio et Obo.

« Je ne serais plus la même fille mais je vais faire face et avancer. Je me suis inscrite au lycée afin d’obtenir mon diplôme l’année prochaine. » conclut Pelvia.

Une approche multisectorielle

L’appui du CERF vise à intensifier l'aide d'urgence globale pour 200 000 personnes dans 10 sous-préfectures où l'insécurité alimentaire est la plus grave, avec une approche multisectorielle combinant l’assistance alimentaire et d’autres secteurs, notamment la protection. C’est le cas des sous-préfectures de Alindao, Zemio et Obo, couvertes par les activités de COOPI avec ses centres de prise en charge psychosociale des survivantes des VBG.

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Que reste-t-il des projets d’urgence ?
Rodrigue tenant son vélo acheté avec ses économies devant sa petite boutique sur le site des déplacés à Alindao. ©OCHA/V. Bero, Préfecture de la Basse-Kotto, République centrafricaine, 2022

Que reste-t-il des projets d’urgence ?

Trois, six, neuf mois, c’est la durée de certains d’entre eux à Alindao dans le sud de la République centrafricaine (RCA), une des régions où la sévérité des besoins humanitaires est parmi les plus élevées du pays, notamment en sécurité alimentaire. La sécurité est également très fragile dans la région où les affrontements entre différentes parties au conflit ont forcé au déplacement des milliers de personnes. Dans cet environnement, c’est sans beaucoup réfléchir et espérant trouver un meilleur avenir que Paulin* et Rodrigue*, alors âgés respectivement de 15 et 16 ans, avaient rejoint en 2018 les rangs d’un groupe armé. C’est plutôt pour venger son père tué durant le conflit que Bertrand avait répondu à l’appel du même groupe armé pour le rejoindre. « A chaque fois que je voyais sa tombe, mon corps entier criait vengeance, et je n’avais pas pu résister », explique Bertrand* avec beaucoup de recul, 4 ans après. Il n’avait alors que 16 ans.

Ce qu’ils sont devenus

En 2019 et pour une durée de neuf mois, avec l’appui du Fonds Humanitaire pour la RCA (FH RCA), l’ONG nationale Espérance avait sorti des groupes armés et réinséré dans la communauté 95 enfants et adolescents, dont Bertrand, Paulin et Rodrigue, dans le cadre de son projet de protection des enfants et jeunes affectés par le conflit. Il couvrait alors Alindao, Mobaye et Zangba dans la Préfecture de la Basse-Kotto, dans le sud du pays. Les bénéficiaires avaient réintégré l’école en 2020 et reçu des fournitures scolaires. Ils étaient également appuyés en activités génératrices de revenus pour une autonomisation. Des enfants séparés de leurs parents suite au conflit avaient été placés dans des familles d’accueil et réintégré l’école. Les communautés avaient également été sensibilisées au vivre ensemble et à la cohésion sociale. Au total, près de 23 000 personnes avaient bénéficié du projet.

Paulin était en classe de 5ème lorsqu’il avait réintégré l’école. Depuis, il a fait un progrès de deux classes et a hâte de passer son Brevet de collège (BC) en juillet 2023. « Avec mon BC, je m’orienterai vers une formation professionnelle en vue de devenir infirmier et aider ma communauté », déclare fièrement Paulin qui a maintenant 20 ans. Le niveau d’accès aux services de base en RCA, notamment la santé et l’éducation, est très bas. Il y a moins d’un médecin pour 10 000 habitants, tandis que seuls 55% d’enfants achèvent l’école primaire. « Avec ma nouvelle machine à coudre achetée grâce aux économies que j’ai faites de mon commerce, j‘apprends un nouveau métier et l’argent que je gagne me permets de payer l’école, acheter les fournitures scolaires et soutenir ma famille », conclut joyeusement Paulin sa main sur sa machine à coudre.

Actuellement en classe de 4ème, soit un progrès de deux classes, Rodrigue a aujourd’hui 20 ans. Il continue de vendre des produits de première nécessité dans sa boutique, activité génératrice de revenus initiée avec l’appui du FH RCA à travers l’ONG nationale Espérance. « Quand je suis à l’école, c’est mon petit frère qui prend le relai à la boutique pour ne pas rater des clients. Nous avons des heures de classe différentes et cela nous arrange », explique-t-il en comptant quelques billets de Francs CFA, la monnaie utilisée en RCA. Grâce à son commerce, Rodrigue se maintient à l’école et a pu acheter un vélo, moyen de déplacement par excellence dans la région. Initialement de 121 500 FCFA (190 $) en 2020, son capital est actuellement de 260 850 Francs CFA (410 $). Rodrigue compte s’inscrire à l’université et devenir un enseignant du lycée une fois qu’il obtient son baccalauréat d’ici quatre ans.

Bertrand a également fait un progrès de deux classes et a aujourd’hui 20 ans. Comme Rodrigue, Bertrand avait ouvert une boutique dont le capital est depuis passé de 150 000 (235 $) à 210 000 Francs CFA (390 $). Avec ses économies, il a acquis un moulin à manioc qui lui permet de multiplier ses sources de revenus tout en restant à l’école. « Avec l’argent que je gagne, j’achète mes fournitures scolaires et j’ai également inscrit ma nièce à l’école, tout en soutenant ma mère », explique Bertrand. Son père avait été tué lors des affrontements entre les parties au conflit en 2018.

Guérir des douleurs

Montrant la tombe de son père juste à côté de ce qui est depuis devenu son domicile, Bertrand explique qu’il est guéri des rancœurs et de ses ressentiments. « A chaque fois que je voyais cette tombe, je voulais me rendre justice. C’est d’ailleurs la raison qui m’a poussé à rejoindre les hommes armés ». Avec l’appui psychosocial reçu, Bertrand a appris à contrôler ses ressentiments, libérer la parole et à prendre des bonnes décisions. C’est l’objectif des clubs d’écoute pour enfants, ainsi que des espaces « amis d’enfants » que l’ONG Espérance avait alors mis en place pour les enfants et adolescents sortis des groupes armés.

« Je croyais avoir perdu mon fils lorsqu’il avait regagné les hommes armés. J’étais ému, quand un matin de vendredi 11 septembre 2020 à 10 heures, je l’ai vu revenir à la maison en me promettant de ne plus repartir », témoigne le père de Rodrigue les larmes aux yeux.

Une protection fragilisée par le conflit

Suite à l’insécurité et à l’absence d’écoles dans les voisinages immédiat de Mangagbé, Pavica et Ngouakongon, lieux d’origine de Paulin, Rodrigue et Bertrand, leurs familles demeurent encore dans le site pour personnes déplacées internes situé dans l’enceinte de la Paroisse Sacré Cœur de Alindao. Ils s’y sont installés en mai 2017 fuyant les affrontements entre différentes parties au conflit. Comme eux, plus de 146 000 personnes se trouvent encore dans les sites de personnes déplacées. L’insécurité et les déplacements ont fortement affecté l’accès à l’éducation. En 2022, environ 10% des enfants scolarisés en début de l’année ont dû abandonner l’école. Suite à l’insécurité persistante, un Centrafricain sur cinq est soit déplacé à l’intérieur du pays, soit refugié dans les pays voisins.

* Noms d’emprunt

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Aperçu du Fonds Humanitaire en RCA, Janvier - Décembre 2022

Aperçu du Fonds Humanitaire en RCA, Janvier - Décembre 2022

La crise socio-économique et politique en République centrafricaine est à l'origine d'une crise humanitaire et de protection de grande ampleur. Par conséquent, les besoins pour aider à sauver des vies et restaurer la dignité des personnes affectées sont importants. A la fin 2022, plus de 516 000 personnes étaient déplacées à l'intérieur du pays. En plus de contribuer à la vulnérabilité de la population, le pays fait face aux conséquences de la crise en Ukraine avec des coûts de transport accrus, augmentant ainsi les coûts pour d'autres produits de base.

Grâce à la générosité et à la confiance continue des partenaires financiers, le Fonds humanitaire de la République centrafricaine (FH RCA) a reçu en 2022 un total de 29,52 millions de dollars, ce qui représente 7,26 % du financement reçu au titre du Plan de réponse humanitaire 2022, dont 29,49 millions de dollars ont été alloués par le biais de deux allocations standard et de quatre allocations de réserve. De janvier à décembre 2022, plus de 463 000 personnes dans le besoin ont reçu une assistance vitale à travers 58 projets financés par FH RCA et mis en œuvre par 33 partenaires. Les organisations non -gouvernementales (ONG) nationales ont reçu directement ou indirectement 9 % des fonds. En 2022, sur les 17 ONG partenaires nouvellement évaluées par l'Unité des financements humanitaires de OCHA en RCA, 13 ont été déclarées éligibles pour les allocations du FH RCA, dont 11 étaient des ONG nationales. Les quatre autres ONG non éligibles ont reçu des recommandations pour mieux aligner leurs performances sur les standards du FH RCA pour l'année à venir.

Des formations ont été organisées conformément à la stratégie de localisation du FH RCA. Dans ce cadre, 10 ONG nationales ont bénéficié d'un coaching en gestion financière ainsi qu'en suivi, rédaction des rapports et évaluation. Parmi elles, trois étaient des organisations dirigées par des femmes ou des organisations de défense des droits des femmes.

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Une famille retournée au village Mourouba prépare un grand pot de riz qu'elle a reçu d'OXFAM dans le cadre d'un projet financé par le Fonds humanitaire pour la RCA afin de lutter contre l'insécurité alimentaire. ©OCHA/A. Cadonau, Mourouba, Préfecture de la Ouaka, République centrafricaine, 2022.
Une famille retournée au village Mourouba prépare un grand pot de riz qu'elle a reçu d'OXFAM dans le cadre d'un projet financé par le Fonds humanitaire pour la RCA afin de lutter contre l'insécurité alimentaire. ©OCHA/A. Cadonau, Mourouba, Préfecture de la Ouaka, République centrafricaine, 2022.

Feuilles de manioc et gombo, jour après jour.

Dès que l'on entre dans Bakala, il devient évident de ressentir où on est arrivé. Un homme marche dans la rue tenant un enfant par la main, et on se demande comment cet enfant peut déjà marcher à son âge. Il est petit et mince, comme s'il n'avait que quelques mois. La malnutrition et la sous-alimentation sont aiguës dans la région de Bakala, avec des conséquences désastreuses pour la population. L'enfant est certainement beaucoup plus âgé que son petit corps ne le suggère. La situation alimentaire dans la Sous-préfecture de Bakala a été classée en phase d’urgence lors de la dernière analyse en avril 2022, la catégorie juste avant que le cas extrême de famine ne soit déclaré. 638 000 centrafricains sont dans cette situation, soit près d'un sur six.

Pas grand-chose sur la table

Les habitants de la Sous-préfecture de Bakala, au cœur de la République centrafricaine, dorment le ventre creux. Des feuilles de manioc écrasées et bouillies, et des gombos transformés en sauce gluante, voilà ce qui finit dans les assiettes de la plupart de gens, un seul repas par jour. Feuilles de manioc et gombos, jour après jour, le cauchemar d'une alimentation équilibrée, et pourtant mieux que rien. "Que ferions-nous s'il n'y avait pas de feuilles ?" demande Desan, un agriculteur de 40 ans du village de Mourouba, à 20 km de Bakala, et ajoute immédiatement la réponse lui-même : "Nous mourrions probablement de faim".

Déplacements et retours

De nombreux habitants de la région ont fui les conflits armés en 2020 et 2021 pour rejoindre Grimari, à 75 km, et les villages environnants. "Des milliers de rebelles armés avaient pris contrôle de la région. Tout le monde a fui, même les chiens", raconte Desan. Cette année, beaucoup d'entre eux sont revenus grâce à une amélioration de la situation sécuritaire dans la région. Mais ils n'ont pas trouvé grand-chose : les champs sont restés en jachère, les stocks de nourriture et de semences ont été pillés ou brûlés. Il ne restait que des villes fantômes. Les personnes retournées manquent de produits de première nécessité les plus élémentaires pour survivre.

Les groupes armés continuent d'être actifs à la périphérie des villes et sur les sites miniers, limitant l'accès aux champs, aux terres agricoles et aux forêts, et perturbant les chaînes d'approvisionnement. Cela a entraîné l'épuisement des réserves alimentaires, la hausse des prix et l'adoption de mécanismes de survie négatifs. Au début de l'année 2022, les gens ont également fui la zone d'Ippy en direction de Bakala, ce qui a encore accru la pression sur les ressources alimentaires limitées.

Une réponse immédiate

En raison de la situation alimentaire désastreuse dans une grande partie de la République centrafricaine et de l'urgence d'une intervention immédiate, le Fonds humanitaire pour la République centrafricaine a accordé 4 millions de dollars américains en février pour lutter contre l'insécurité alimentaire de 80 000 personnes dans les zones où le conflit a gravement affecté l'accès à la nourriture, notamment dans la Sous-préfecture de Bakala. Ce financement a permis une réponse d'urgence rapide et flexible pour les personnes vulnérables, qui sauve des vies et complète d'autres mécanismes de financement.

Une lueur d'espoir

Il n'y avait pas eu d'aide humanitaire à Bakala depuis 2012. Par conséquent, la joie à l'arrivée de l'ONG OXFAM était grande, tout comme les attentes. 1 700 familles - soit plus de 10 000 personnes - de la Sous-préfecture de Bakala reçoivent de la nourriture, des outils agricoles et des semences de la part d'OXFAM dans le cadre de l'un des projets financés par le Fonds humanitaire pour pallier les besoins les plus urgents et améliorer la sécurité alimentaire. Les distributions touchent les retournés, les déplacés, ainsi que la population hôte.

Des bénéficiaires reconnaissants

Siri (22 ans) et Shabere (23 ans), deux jeunes femmes du village de Mourouba, ont reçu du riz, des haricots, de l'huile et du sel en trois rations mensuelles pour compléter leur alimentation. Leurs ventres ronds commencent à apparaître sous leurs jupes colorées, car toutes deux attendent un enfant. "La meilleure nutrition aide mon futur enfant à se développer et à grandir", dit Siri.

Barthelemy (64 ans), père de cinq enfants, a pu s'offrir de sa poche quelques graines de haricot et de maïs et attend maintenant sa récolte. Lui aussi a bénéficié de l'aide alimentaire d'OXFAM. "La nourriture reçue est très appréciée en attendant ma récolte. Elle permet de mettre un repas sur la table à la maison, afin que les enfants puissent se concentrer à l'école", dit joyeusement Barthelemy.

Desan, l’agriculteur de 40 ans, comme beaucoup d'autres, est récemment revenu au village de Mourouba, après avoir fui en 2021. Il avait déjà semé et attendait la récolte, mais toutes ses semences ont été brûlées lors de la dernière attaque des groupes armés. Il a reçu d'OXFAM des graines de haricot et de maïs, ainsi que des houes, et a déjà semé. Desan espère récolter en novembre - une récolte qui lui permettra de nourrir sa famille tout en mettant de côté des semences pour la saison suivante, et d'améliorer sa nutrition de manière durable. Il aimerait également semer des arachides, son aliment préféré, mais les graines sont trop chères. "Les temps sont difficiles. Nous mangeons des feuilles de manioc tous les jours. L'aide reçue est un véritable soulagement."

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Contexte
Une femme déplacée utilise l'une des nouvelles cabines téléphoniques du site de personnes déplacées PK3 à Bria pour rester en contact avec sa famille. ©PAM/Elizabeth Millership, Bria, Préfecture de la Haute-Kotto, RCA, 2021.
Une femme déplacée utilise l'une des nouvelles cabines téléphoniques du site de personnes déplacées PK3 à Bria pour rester en contact avec sa famille. ©PAM/Elizabeth Millership, Bria, Préfecture de la Haute-Kotto, RCA, 2021.

Donner la parole aux personnes affectées

En Centrafrique, 2,8 millions de personnes -46% de la population centrafricaine- seront extrêmement vulnérables en 2024, au point que seule l’assistance humanitaire ne suffira pas pour leur bien-être. Les évaluations menées par les acteurs humanitaires permettent de déterminer l’ampleur des besoins, comprendre leur nature et définir l’approche de réponse nécessaire. Pour développer une programmation adaptée et de proximité, la communauté humanitaire collecte également les retours (feedbacks) des bénéficiaires sur l’assistance reçue. Ces feedbacks permettent notamment de mettre les personnes affectées au centre de la réponse et ainsi d’améliorer et d’ajuster l’assistance.

Une thématique transversale

Partie intégrante du groupe de coordination Intercluster (ICCG), le Groupe de travail sur la redevabilité envers les populations affectées (AAP) assure la mise en place et le suivi des mécanismes collectifs pour l’engagement communautaire et la redevabilité envers les communautés affectées. Dans ce cadre, il produit des analyses régulières des feedbacks, des plaintes et des demandes d’informations venant des communautés affectées et des bénéficiaires. L’objectif est de dégager des tendances sur les niveaux de satisfaction, les besoins prioritaires et les principales rumeurs au sein des communautés, selon les lieux et les groupes de population. Le Groupe de travail conseille ensuite les partenaires humanitaires à travers les mécanismes de coordination, nationaux et en régions, sur les mesures adaptées à prendre pour répondre aux feedbacks, plaintes ou rumeurs venant des communautés. Où trouver l’assistance ? Où se plaindre si l’on a été lésé dans le cadre d’une assistance humanitaire ? Où trouver la bonne information ? Quelle est la perception de l’action humanitaire au sein des communautés affectées ? Ce sont, entre autres, des questions auxquelles le Groupe de travail aide à répondre au sein des communautés affectées et de la communauté humanitaire.

Les humanitaires tiennent des centres d’information et de feedback dans les sites de personnes déplacées internes (PDI) à Bria, Kaga-Bandoro et Bambari dans le centre du pays. A travers des clubs d’écoute, des kiosques de vente d’articles audiovisuels et des émissions radio interactives à Bria, Bambari, Kaga-Bandoro, Bangassou, Obo et Zémio, des agents spécialisés collectent des informations au sein des communautés et fournissent en retour de l’information pouvant sauver des vies. En effet, de nombreuses évaluations réalisées cette année ont démontré que les populations, en général mais aussi bénéficiaires de l’aide, ne se sentent pas suffisamment informées sur l’assistance humanitaire, les critères d’assistance et l’accès aux services (Evaluation des besoins multisectorielles 2021).

Améliorer les mécanismes de gestion des feedback et plaintes

En septembre 2021, les humanitaires spécialistes des Télécommunications d’urgence (Cluster ETC) appuyés par le Fonds Humanitaire pour la RCA ont automatisé les mécanismes communs de gestion des feedbacks et plaintes mis en place par le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en partenariat avec l’ONG Intersos sur le site de PDI de Bria. Située à l’est du pays (Haute-Kotto), il abrite le grand site de PDI du pays, dit PK3, qui accueille près de 39 000 personnes (Commission Mouvement des Populations, septembre 2021). A l’aide de SugarCRM, un logiciel de gestion de la relation client utilisé notamment dans le secteur bancaire, des agents spécialement formés enregistrent confidentiellement les plaintes et feedbacks des personnes dans le besoin sur des tablettes connectées à internet. Les informations sont ensuite transmises automatiquement aux organisations humanitaires destinataires des feedbacks ou plaintes, réduisant significativement le délai de traitement des plaintes et feedbacks. Anciennement, les transmissions étaient physiques, notamment à travers des boîtes à suggestions, avec des limites liées à la capacité à écrire de la part des personnes dans le besoin.

Le Cluster ETC a également installé cinq cabines téléphoniques sur le site afin de permettre aux personnes affectées par la crise de communiquer avec leurs familles et d’appeler gratuitement les services d’assistance téléphonique des humanitaires. Le téléphone portable est le principal moyen de contact pour les familles déplacées. En moyenne une personne déplacée sur cinq possède un téléphone portable selon l’évaluation du Cluster ETC, tandis que quatre personnes déplacées sur 10 payent pour passer des appels. Les cabines comprennent également une station de charge gratuite pour les téléphones portables. En favorisant cet accès gratuit et protecteur à cette communication mobile, ces cabines téléphoniques contribuent à un besoin sous-estimé mais essentiel des populations affectées : l’information. A Bria, la moitié des habitants font face à des barrières pour recevoir de l’information, en particulier en raison du manque d’appareil radio ou téléphone (Evaluation des besoins multisectorielles 2021).

Des efforts supplémentaires

Si Bria dispose d’équipements et d’infrastructures suffisamment avancés, ce n’est pas encore le cas des autres localités du pays. Le personnel et infrastructures en appui aux mécanismes communs de feedback se mettent progressivement en place, en fonction des leçons apprises et de la disponibilité des ressources.

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