Les accidents impliquant des mines et autres engins explosifs ne cessent de prendre des proportions croissantes en République centrafricaine (RCA) depuis avril 2021, en particulier dans l'ouest du pays.
Une accumulation alarmante
Au 13 novembre 2023, 23 personnes dont 18 civils ont été tuées dans 65 incidents et accidents impliquant des engins explosifs. Cette année, le nombre de personnes tuées atteint déjà le double par rapport à 2022, alors que le nombre d'incidents a augmenté de 15%. En 2021, 44 incidents et accidents ont été enregistrés, tuant 30 personnes et blessant 48 autres. 2022 et 2021 ont affiché une augmentation significative par rapport à l’année 2020, où seuls deux incidents sans victimes avaient été enregistrés.
Les civils sont les principales victimes des engins explosifs en RCA. Plus du trois quarts des victimes en 2023 sont des civils dont 15 enfants. La région la plus touchée depuis les deux dernières années demeure l'ouest du pays, notamment les préfectures de l'Ouham, l’Ouham-Pendé, la Nana-Mambéré et la Mambéré-Kadei.
Pour la première fois en RCA, des mines antipersonnel ont été découvertes en avril 2022. La population en a trouvées deux dans un village près de Bambari dans la Préfecture de la Ouaka et les a signalées au Service de la lutte antimines des Nations Unies (UNMAS) et à la MINUSCA qui ont détruit les engins avant qu'ils ne puissent nuire. Les mines antipersonnel sont interdites par la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel, qui est entrée en vigueur pour la RCA en 2003.
Les accidents impliquant des mines et autres engins explosifs ne cessent de prendre des proportions croissantes en République centrafricaine (RCA) depuis 2021, en particulier dans l'ouest du pays.
Une accumulation alarmante
En 2023, 27 personnes dont 19 civils ont été tuées dans 82 incidents et accidents impliquant des engins explosifs. Le nombre de personnes tuées et celui d’incidents ont respectivement augmenté de 15 et 24% par rapport à 2022. Les trois dernières années ont affiché une augmentation significative par rapport à l’année 2020, où seuls deux incidents sans victimes avaient été enregistrés* .
Les civils sont les principales victimes des engins explosifs en RCA. Plus du trois quarts de victimes en 2023 sont des civils dont 19 enfants. La région la plus touchée depuis les trois dernières années demeure l'ouest du pays, notamment les préfectures de l'Ouham, l’Ouham-Pendé, la Nana-Mambéré et la Mambéré-Kadei.
Pour la première fois en RCA, des mines antipersonnel avaient été découvertes en 2022. La population en avait trouvé deux dans un village près de Bambari dans la Préfecture de la Ouaka et les avait signalées au Service de la lutte antimines des Nations Unies (UNMAS) et à la MINUSCA qui les avait détruites avant qu'elles ne puissent nuire. Les mines antipersonnel sont interdites par la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel, entrée en vigueur pour la RCA en 2003.
En juillet 2020, l'utilisation présumée de mines antichars avait été signalée pour la première fois dans le pays depuis la création de la mission de maintien de la paix, la MINUSCA, en 2014. L'un des dispositifs suspectés avait endommagé un char de la MINUSCA près de la frontière avec le Cameroun.
Sans distinction
Les victimes sont diverses : une famille, des enfants, des cultivateurs, un acteur humanitaire, des marchands, des éléments armés, des casques bleus, des militaires et des prêtres. Les engins explosifs qui sautent en raison de la présence, de la proximité ou du contact d'une personne ne peuvent pas faire de distinction entre les civils et les combattants, ce qui soulève d'importantes préoccupations concernant les principes de distinction et de proportionnalité en vertu du droit international humanitaire.
Restriction de l’accès humanitaire et des activités socio-économiques
La présence présumée ou effective d'engins explosifs limite gravement l'accès humanitaire aux personnes vulnérables dans un contexte déjà marqué par des restrictions d'accès en raison de conflits armés et de contraintes physiques.
En particulier dans les préfectures de l'Ouham, l’Ouham-Pendé, la Nana-Mambéré et la Mambéré-Kadei à l’ouest du pays, 770 000 personnes en besoin ciblées par les acteurs humanitaires en 2024 risquent de voir leur assistance retardée ou suspendue notamment dans les secteurs de la sécurité alimentaire, la nutrition, l’accès à l’eau potable et la protection, y compris contre les violences basées sur le genre. Même si l’assistance par voie aérienne peut être envisagée, elle reste limitée au regard de son coût élevé et des priorités opérationnelles.
Les civils qui empruntent les différents tronçons routiers et sentiers dans le cadre de leurs activités génératrices de revenus et autres moyens de subsistance comme cultiver les champs, se trouvent très limités dans leurs mouvements, dans cette région où l’insécurité alimentaire demeure critique.
Dans ce contexte, la présence d’acteurs de la sécurité et du déminage demeure essentielle pour la protection des civils et la mise en œuvre des opérations humanitaires.
Protéger les civils et les travailleurs humanitaires
Humanité & Inclusion (HI), une ONG financée par le Fonds humanitaire de la RCA, a sensibilisé en 2022 et 2023 les personnes les plus vulnérables de la zone de Bocaranga et Koui (préfecture de l'Ouham-Pendé) au danger des engins explosifs, et leur a appris des comportements sûrs à adopter pour réduire les risques auxquels elles sont confrontées. Les sessions de sensibilisation dans les villages ont atteint 5 850 personnes, parmi lesquelles figuraient 1 280 femmes, 3 140 enfants et 560 personnes handicapées. Une attention particulière a été accordée à l'inclusion des personnes handicapées, des femmes, des filles et des personnes âgées, et les barrières linguistiques et l'analphabétisme ont été abordés, par exemple en adaptant le matériel et les méthodes de sensibilisation, afin de garantir que toutes les personnes aient accès aux informations vitales sur les engins explosifs. En outre, HI a organisé des sessions de sensibilisation renforcées dédiées à 40 acteurs humanitaires de l’Ouham-Pendé.
Les deux projets réalisés ont permis de diffuser les messages clés d'éducation aux risques liés aux engins explosifs en utilisant divers canaux de communication, notamment des panneaux d'affichage et des messages radio. Ces derniers ont été conçus en suivant une approche communautaire visant à habiliter la communauté à concevoir et enregistrer des messages radio adaptés au contexte, diffusés en cinq langues locales sur la radio communautaire MBILI, largement écoutée dans une grande partie de l'Ouham-Pendé.
En 2023, UNMAS a atteint 13 470 personnes, dont 3 850 enfants avec une campagne de sensibilisation sur la menace des engins explosifs à Bouar et Bambari. Des panneaux de sensibilisation ont été placés à des endroits stratégiques, et des dessins et des photographies mettent en exergue les précautions à prendre non seulement pour éviter les engins explosifs, mais aussi pour les baliser et les signaler aux organisations chargées du déminage. UNMAS a également organisé des séances de sensibilisation sur les risques liés aux engins explosifs pour plus de 428 membres du personnel humanitaire et de l'ONU.
Malgré les campagnes de sensibilisation en cours, il est nécessaire de renforcer l’éducation aux risques compte tenu de l’ampleur du problème. Des ressources supplémentaires seront sans doute nécessaires pour étendre la portée des projets d’éducation aux risques pour les enfants, les femmes et les hommes dans les régions les plus touchées.
Regardez une vidéos à ce sujet ici (en anglais).
*Selon le domaine de responsabilité de la lutte antimines (DRLAM) activé le 27 avril 2023, en RCA, dans le cadre de la protection des personnes contre les risques d’explosion dans les situations d’urgence humanitaire et promotion des solutions inclusives, locale et durables.