Central African Republic

Rapport de situation
Analyse
Des déplacés dans l'enceinte de la paroisse catholique, Bossangoa ©Abbé Hillaire Penendji, Bossangoa, Préfecture de l'Ouham, RCA, février 2021
Des déplacés dans l'enceinte de la paroisse catholique, Bossangoa ©Abbé Hillaire Penendji, Bossangoa, Préfecture de l'Ouham, RCA, février 2021

Bossangoa : multiples défis à surmonter

Plus de 14 000 personnes se sont déplacées depuis le 21 février à Bossangoa dans le nord-ouest du pays, craignant les offensives des Forces armées centrafricaines (FACA) et leurs alliés. Trois jours plus tard, ils reprenaient la ville des mains des éléments de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC). La plupart des personnes déplacées, installées principalement dans l'enceinte de la paroisse catholique, ont commencé à retourner vers leurs habitations et dans la brousse la semaine passée dans des conditions sécuritaires inquiétantes. Ainsi, les proportions des départs des sites et les perspectives pour les habitants varient d'une zone à une autre, tandis que plus de 350 personnes déplacées demeurent encore dans l'enceinte de l'hôpital, selon les constats d'une mission d'évaluation multisectorielle conduite par les humanitaires le 10 mars dans la ville. Si dans certains quartiers de retour les habitants vaquent à leurs occupations habituelles la journée et passent la nuit dans leurs maisons, d'autres doivent rentrer passer la nuit dans la brousse, n'étant pas encore rassurés. Les prix des denrées alimentaires ont par ailleurs augmenté de 25 à 50%, pour une population à peine sortie de déplacement. Les élèves ont repris les cours dans les quelques classes qui étaient occupées par les déplacés à l'évêché, tandis que les autres écoles de la ville demeurent fermées. Afin de mieux comprendre la situation, les humanitaires prévoient de se rendre également sur les axes Bossangoa-Bouca, Bossangoa-Bangui, Bossangoa-Benzembé et Bossangoa-Nana Bakassa.

La réponse humanitaire butée à des contraintes d’accès

Les civils demeurent les plus affectées par la récente flambée de violence dans le pays, et faute d’accès, les organisations humanitaires apportent difficilement une réponse adaptée aux besoins humanitaires. En moins de deux mois, une dizaine de pillages et cambriolages d’hommes armés ont ciblé des bases d’organisations humanitaires dans Bossangoa ville, dont quatre rien que la dernière semaine de février. Suite à cette insécurité, la plupart d’entre elles ont soit relocalisé leur personnel ailleurs ou réduit leur présence, affectant ainsi la capacité de réponse. Malgré ces conditions difficiles, l’ONG Médecins sans frontières (MSF) avait construit 60 latrines et douches d'urgence, et mis en place un réservoir d’eau qui fournissait aux déplacés 60 m3 par jour. Suite aux départs des déplacés enregistrés dans les sites, MSF désinstalle progressivement ces ouvrages et désinfecte les lieux, à l'exception du réservoir d'eau. L’ONG prend également en charge les soins de santé des enfants de 0 à 15 ans à l’hôpital régional, et a reçu des intrants nutritionnels du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) en vue de la prise en charge des enfants malnutris. Le centre de santé CODIS, proche du site Evêché, avait reçu de l'UNICEF un lot de médicaments. L'ONG CARITAS mène des activités de suivi de la protection et de référencement des cas nécessitant une prise en charge. Tout en mobilisant les ressources nécessaires, les partenaires intervenant dans la sécurité alimentaire étudient la manière la mieux adaptée pour assister les déplacés, en privilégiant notamment leur protection.

Inquiétudes au-delà de la ville

Si l’on peut espérer une accalmie dans Bossangoa ville, la situation sur les axes demeure inquiétante, notamment au nord de Bossembélé. Plusieurs exactions des hommes armés sur les civils ont été signalées, notamment des incendies d’habitations le long de la route de Bossembelé à Bossangoa. De même, des mouvements de population dont l’ampleur n’est pas encore connue faute d’accès, ont été enregistrés sur les axes autour de la ville. A cause de l’insécurité, les acteurs humanitaires ne parviennent pas encore à s’y rendre pour évaluer la situation et apporter la réponse nécessaire.

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