Central African Republic

Rapport de situation
Réponse d'urgence
Originaire de Nyala, Mahamat Ahmat Hassan Abdulahman (à droite) est aujourd'hui installé sur le site de demandeurs d'asile Korsi, à Birao. Il a dû fuir avec ses cinq enfants et sa femme, après avoir perdu tous ses biens, dont son commerce qui a brûlé lors des violences au Soudan. ©UNHCR/Josselin Brémaud, Préfecture de la Vakaga, République centrafricaine.
Originaire de Nyala, Mahamat Ahmat Hassan Abdulahman (à droite) est aujourd'hui installé sur le site de demandeurs d'asile Korsi, à Birao. Il a dû fuir avec ses cinq enfants et sa femme, après avoir perdu tous ses biens, dont son commerce qui a brûlé lors des violences au Soudan. ©UNHCR/Josselin Brémaud, Préfecture de la Vakaga, République centrafricaine.

L'impact de la crise au Soudan en République centrafricaine

Au Soudan voisin, les affrontements entre les forces armées soudanaises (SAF) et les forces de soutien rapide (RSF) se poursuivent depuis le début du conflit en avril 2023, entraînant des déplacements massifs de population. Plus d'une année de combats brutaux, une crise alimentaire aiguë sévit au Soudan, avec certaines régions risquant de connaître des niveaux catastrophiques d'insécurité alimentaire d'ici la période de soudure. En août 2023, le gouvernement centrafricain avait reconnu les Soudanais fuyant le conflit comme des réfugiés prima facie.

Depuis le début de la crise soudanaise en avril 2023, la République centrafricaine a accueilli 28 871 réfugiés au 11 août 2024. Parmi eux, 20 060 réfugiés soudanais ont été enregistrés de manière biométrique et vivent dans 13 localités, principalement dans des endroits difficiles d'accès en dehors de la préfecture de Vakaga, et ont besoin de protection et d'assistance. Au mois de septembre 2024, la tendance est de 27 arrivées par semaine, une diminution par rapport aux 98 arrivées par semaine en août, 124 en juillet, 204 en juin et 231 en mai. Cette baisse est due à la saison des pluies. Une tendance émergente est qu'en raison de la montée des eaux provoquant des inondations sur l'axe Am Dafock-Birao, les réfugiés arrivant à Korsi ne passent plus par Am Dafock en RCA mais par Amdukoum-Goba au Soudan pour atteindre Birao.

Conséquences économiques

En raison de l'insécurité qui règne le long de la frontière, le trafic entre le Soudan et la République centrafricaine (RCA) a été fortement perturbé, ce qui a entraîné une forte augmentation du prix des produits de première nécessité. Le Soudan approvisionne plusieurs villes de la RCA, particulièrement Birao dans la Préfecture de la Vakaga et Ndélé dans la Préfecture de Bamingui-Bangoran. Pendant la saison des pluies qui dure d'avril à octobre, l'accès est très difficile et l'approvisionnement dépend largement du Soudan. Pour certains produits, les prix ont doublé́ dès le début de la crise. Un sac de sucre de 50 kg, qui se vendait 40 000 francs CFA avant le conflit est passé à 80 000 francs CFA à Birao. De même, un petit bol de millet, auparavant vendu à 500 francs CFA est passé à 1 000 francs CFA. Par après, l'intervention de la communauté humanitaire a permis d'établir une certaine stabilité des prix en approvisionnant plusieurs tonnes de certains produits de Bangui à Birao. La région nord de la RCA connaissait déjà une insécurité alimentaire aiguë, une situation qui pourrait atteindre l'un de ses stades les plus graves si une réponse adéquate n'est pas apportée.

Faire face aux besoins supplémentaires

En 2024, 913 000 personnes seront particulièrement vulnérables que seule l’assistance humanitaire ne suffira pour leur bien-être dans la région nord du pays, regroupant les préfectures de la Vakaga, de Bamingui-Bangoran, de l’Ouham, de l’Ouham-Pende et de la Nana-Gribizi. Elles étaient plus d’un million (1 093 000) en 2023. Cette baisse s’explique notamment par la diminution du nombre de chocs auxquels les populations font face comme les affrontements entre parties au conflit, et les mouvements de population qu’ils entraînent. Bien qu’en diminution, les attaques contre les civils persistent, obligeant la population à chercher refuge ailleurs. Les conflits au Soudan et au Tchad voisins ont également impacté la vulnérabilité des populations, augmentant l’ampleur des besoins dans les régions nord-est et nord-ouest.

Réponse humanitaire

En 2023, la communauté humanitaire a acheminé vers Birao dans le nord un fret aérien d'assistance multisectorielle d'urgence, dans le cadre du plan de pré-positionnement des stocks mis en œuvre chaque année dans le nord de la RCA où l'accès est extrêmement limité pendant la saison des pluies qui court d'avril à novembre. La même année, le HCR a relocalisé les réfugiés et les rapatriés spontanés de Am-Dafock vers Birao, une zone plus sécurisée identifiée par les autorités loin de la frontière avec le Soudan. La relocalisation assistée a toutefois été suspendue, la route entre Am-Dafock et Birao devenant impraticable pendant la saison des pluies, mais des mouvements de relocalisation spontanés ont été enregistrés.

La réponse humanitaire s’est poursuivie sur le site Korsi à Birao, Ndele et Sam-Ouandja. Progressivement, les ONG, agences des Nations Unies et autres organisations internationales distribuaient des vivres, des articles ménagers essentiels, fournissaient de l'eau potable, construisaient des abris d'urgence et des latrines, dispensaient des soins de santé, en éducation et en protection.

Selon le Plan régional de réponse aux réfugiés (PRR) du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), en 2024, 46.2 millions de dollars américains seront nécessaires pour répondre aux besoins de 40 000 réfugiés, 3 300 retournés, et de 28 000 membres appartenant aux communautés d’accueil. Cette année, la réponse évolue vers le renforcement des interventions existantes et la satisfaction des besoins changeants de la population croissante. Dans sa première phase, les partenaires continueront de collaborer avec le gouvernement pour assurer l'accès au territoire et à l'asile, et en fournissant un soutien aux personnes nécessitant une protection internationale. Le principe de "ne pas causer de tort" sera au cœur de la réponse.

Dans sa deuxième phase, l'accent sera mis sur la poursuite des activités de relocalisation des réfugiés des zones frontalières insécurisées dans la zone de Korsi. Lorsque cela est possible, une assistance monétaire sera fournie, afin d'améliorer la capacité à satisfaire les besoins fondamentaux et de réduire la probabilité que les individus et les ménages aient recours à des stratégies d'adaptation nuisibles. Les centres d'écoute resteront opérationnels pour traiter la prévention de la violence basée sur le genre, tout comme la fourniture de kits Prophylaxie Post-Exposition au VIH (PEP), la formation des travailleurs de première ligne et des membres de la communauté. La distribution de nourriture, d'eau potable, d'abris d'urgence, de services de santé et d'articles de secours essentiels tels que des moustiquaires et des kits d'hygiène sera assurée aux points d'entrée.

Dans sa troisième phase, les partenaires orienteront également leur réponse vers la construction de la résilience, des moyens de subsistance et de l'inclusion économique. Cela inclura le soutien aux organisations locales avec des intrants agricoles et des outils nécessaires ; le renforcement des compétences existantes en tirant parti des ressources locales tout en établissant des liens avec les entreprises existantes pour créer des opportunités économiques.

Les financements humanitaires en baisse

En 2024, 2,8 millions de personnes, soit 46% de la population, seront extrêmement vulnérables en République centrafricaine que seule l’assistance humanitaire ne suffira pas pour leur bien-être.

Au total, c'est désormais 367,7 millions de dollars que la communauté humanitaire devra mobiliser en 2024 pour répondre aux besoins les plus urgents de 1,9 millions de centrafricains, parmi les plus vulnérables, dans un contexte global de baisse des financements humanitaires. Les capacités d'absorption des besoins supplémentaires sont très limitées.

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