Central African Republic

Rapport de situation
Réponse d'urgence
Un dépistage nutritionnel des enfants à Ouadda montre des résultats alarmants
Le dépistage nutritionnel des enfants a révélé des résultats alarmants. ©OMS/Arsène Konzelo. Ouadda, Préfecture de la Haute-Kotto, RCA, 2020.

Faciliter l’accès aux personnes en besoin dans les zones isolées

En Centrafrique, les violences récurrentes, le réseau routier peu développé et la dégradation avancée d’infrastructures routières a longtemps empêché les acteurs humanitaires d’accéder aux populations vulnérables. Alors que la saison sèche qui court de novembre à mai est une opportunité pour accéder à des zones inaccessibles pendant la saison de pluies, certaines localités demeurent difficilement accessibles pendant les deux périodes. La Centrafrique avec 622 984 km2 de superficie ne compte que 2,5% de routes asphaltées, tandis que l’insécurité résultant des activités des groupes armés a poussé au déplacement un Centrafricain sur quatre. 2,6 millions de personnes, plus de la moitié de la population, ont toujours besoin de l’aide humanitaire et la pandémie de COVID-19 a accentué les vulnérabilités existantes, dans un contexte où les ressources s’amenuisent. Seulement 38% des 553 millions de dollars américains requis dans le cadre du plan de réponse humanitaire pour l’année 2020 ont été mobilisés à ce jour.

Située dans le nord-est du pays, la localité de Ouadda dans la préfecture de la Haute-Kotto a longtemps fait objet de conflits intercommunautaires, tandis que l’accès aux services de base y est parmi les plus faibles du monde. En juillet dernier, cinq personnes ont été tuées et 1 520 autres, soit environ 20% de la population estimée à 7 700 habitants se sont déplacées suite à des affrontements intercommunautaires. Malgré une mission de médiation conduite au début d’août par les autorités locales, les déplacés n’ont toujours pas pu retourner. Plusieurs points de contrôle mis en place par les groupes armés entravent la liberté de circulation des populations, dans une région où les forces de sécurité intérieure sont inexistantes.

Dans les conditions habituelles, cette situation demeurerait à l’état d’une alerte, ou mieux une information non confirmée ne pouvant pas permettre de réponse de la part de la communauté humanitaire, faute d’accès. La localité n’est par ailleurs pas couverte par aucun réseau téléphonique. Mais le 7 août, la communauté humanitaire a affrété un hélicoptère du Service aérien d’aide humanitaire des Nations Unies (UNHAS) et s’est rendue à Ouadda pour évaluer la situation et livrer une assistance d’urgence. Le Fonds humanitaire pour la Centrafrique a alloué au début août neuf millions de dollars américains pour permettre aux humanitaires en première ligne de disposer d’un hélicoptère pour l’acheminement de l’aide d’urgence dans les zones difficiles d’accès, mais aussi pour fournir une réponse multisectorielle aux besoins humanitaires les plus urgents retenus dans le plan de réponse humanitaire 2020. L’hélicoptère permettra également des évacuations médicales du personnel humanitaire dans le pays.

Cette mission héliportée à Ouadda a également constaté, entre autres, que la seule structure médicale gouvernementale de la localité n’est plus fonctionnelle depuis trois mois et n’est pas approvisionnée en médicaments. Une structure privée existe mais la référence y est difficile suite notamment aux craintes d’exactions d’une des communautés en conflit. Lors de cinq dernières semaines précédant la mission, quatre décès liés à des cas présumés de paludisme étaient enregistrés hebdomadairement parmi les personnes déplacées installées dans la brousse. Un dépistage nutritionnel sur 40 enfants de six mois à cinq ans a révélé 17,5% de malnutrition aigüe sévère (MAS) et 70% de malnutrition aigüe modérée (MAM). La mission a fourni une assistance d’urgence notamment des bâches, jerricanes, purifiants d’eau, kits d’hygiène intime et biscuits énergétiques pour plus de 300 familles. La dernière présence de la communauté humanitaire à Ouadda date de décembre 2019, lorsqu’une autre mission héliportée s’est rendue dans la région. Accéder à l’entièreté du rapport ici. Suite à cette mission, le Programme alimentaire mondial (PAM) et l'ONG Plan International ont effectué trois rotations par hélicoptère de Bria à Ouadda durant la période du 29 au 31 août, pour assister 1 500 personnes vulnérables en vivres et 100 enfants mal nourris en compléments alimentaires. Au total, 6,6 tones de vivivres composés notamment de farine, haricot, huile végétale et sel ont été distribuées pour une ration alimentaire de 15 jours.

La communauté humanitaire a également utilisé cet hélicoptère pour se rendre à Nzacko à l’est de la Centrafrique dans la préfecture du Mbomou à la mi-août. Comme Ouadda, Nzacko reste fortement enclavée et l’insécurité qui persiste dans la région n’a pas favorisé de présence humanitaire. Entre mars 2017 et février 2020, des affrontements récurrents entre groupes armés ont été émaillés d’exactions contre les civils, notamment la mort d’une centaines d’habitants, des incendies d’habitations, mais aussi des mouvements de population. L’accalmie consécutive à la signature de l’accord politique pour la paix et la réconciliation de 2019 entre le gouvernement et les groupes armés, a entrainé des mouvements retour de la population. Estimée à 19 000 habitants en 2017, la population actuelle est de 15 000 habitants. Des déplacés craignant encore pour leur sécurité effectuent des mouvements pendulaires tandis que d’autres sont hébergés par les familles d’accueil.

L’accès aux services de base demeure très faible à Nzacko. Pendant la mission, les résultats des tests de potabilité d’eau réalisés sur les puits fréquemment utilisés par la population indiquent que l’eau n’est pas potable, tandis que l’ensemble des 334 points d’eau n’est pas aménagé. Entre mai et juillet 2020, un taux de morbidité des maladies d’origine hydrique a été évalué à 43% sur 1 000 consultations réalisées. Une seule structure sanitaire est opérationnelle pour une population de plus de 15 000 habitants, mais ne dispose pas du minimum de médicaments et de personnel qualifié requis. Les enfants de moins de cinq ans n’ont reçu aucun vaccin depuis plus d’une année. Un dépistage rapide de 82 enfants a montré un taux de MAS d’environ 20%, dans une région qui ne dispose d’aucun stock d’intrants nutritionnels. Accéder à l’entièreté du rapport ici. Les acteurs humanitaires ont fourni une assistance d’urgence composée notamment de médicaments et intrants nutritionnels pour enfants pouvant couvrir respectivement six et un mois, des dispositifs de lavage des mains et seaux, des morceaux de savons, des pulvérisateurs pour la désinfection en cas de contamination à la COVID-19 et du matériel d’information pour la prévention.

De juillet à septembre, les humanitaires ont pu évaluer la situation humanitaire de 7 localités difficilement accessibles à l’est du pays, et fourni de l’aide d’urgence à plus de 10 000 personnes vulnérables.

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